En ajoutant un second moteur sur le train arrière de sa Model S, Tesla a créé une bête ultra-rapide de 1 020 ch capable d’abattre le 0 à 100 km/h en 2,1 secondes. Malgré ses performances d’hypercar, la Model S Plaid reste une berline électrique de Tesla relativement normale. Avec ses bons et ses mauvais côtés.
On peinerait à y croire tellement sa popularité ne semble qu’avoir grandi, mais la Tesla Model S fut lancée…en 2012 ! Alors que certains constructeurs l’auraient déjà mise au rebut au profit d’une nouvelle génération, les Californiens préfèrent faire évoluer leur grande berline. Résultat : une mise à jour exhaustive, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, avec un sacré cadeau sous le « capot ».
La preuve d’un bon design est sa perpétuité dans le temps. Force est de constater que le coup de crayon de Franz von Holzhausen a perduré puisqu’il reste encore et toujours inchangé. Certes, des nouveaux feux ont été ajoutés à l’avant et à l’arrière, la face avant a abandonné sa « fausse calandre » depuis un bon bout de temps déjà, mais la forme globale reste ici imperturbée.
Dans le catalogue, on trouve désormais deux modèles. La Tesla Model S, tout simplement nommée, et la nouvelle Tesla Model S Plaid. Bien que le mot « Plaid » face référence à un film parodique des années 80 (La Folle Histoire de l’espace, 1987), cette version ne se différencie que peu. On aurait pu croire que la version la plus puissante - si pas même la berline la plus puissante au monde (hors Lucid) - s’équipe d’apparats sportifs, de pare-chocs tailladés et de jantes surdimensionnées. Pourtant, on ne trouve qu’un petit spoiler en fibre de carbone sur le hayon. C’est tout !
Alors que l’extérieur est resté inaltéré, l’habitacle bénéficie d’une refonte en profondeur. La planche de bord se transforme en une unité tout horizontale et simple. Même de bouche de ventilation sont dissimulées ! Au centre, on trouve un énorme écran tactile haute-résolution de 17 pouces qui peut même pivoter. Contrairement aux Model 3 et Y, un combiné d’instrumentation prend toujours place devant le conducteur. Enfin, la finition fait un grand bond en avant, même si certains mobiliers sonnent creux et qu’on les entend craquer au premier casse-vitesse.
Il faut le dire : ce nouvel habitacle est une très belle évolution. Malgré l’ergonomie brouillonne – tout à l’écran, même les ajustements du volant et des rétroviseurs – on s’y fait assez vite. Ce à quoi on ne s’habitue jamais, c’est le volant Yoke. Bien que l’idée d’un volant en forme de guidon puisse paraître excitante à un gamin de 15 ans, au quotidien c’est un cauchemar. Puisque le rapport de direction reste inchangé – contrairement à chez Lexus – les manœuvres sont bien plus compliquées qu’avec une jante ronde. En sus, toutes les commandes sont sur le volant et tactiles, des essuie-glaces, au régulateur en passant même par les clignotants. Heureusement, Tesla semble avoir compris comment fonctionnait un être humain et place désormais le Yoke dans la liste d’option (250 €). Bémol : même sur le volant rond, les commandes sont toujours sur le volant et tactiles…
Entrons dans le vif du sujet de cette Tesla Model S, le moteur. Enfin, les moteurs. Eh oui, la berline de Tesla dispose d’office de deux moteurs (un sur chaque essieux) mais la Plaid en ajoute un deuxième sur le train arrière. Qui plus est, ces trois moteurs sont des nouvelles unités haute performance avec des rotors à revêtement en carbone. Résultat : 1 020 ch ! C’est du jamais vu dans une berline, électrique ou pas.
Les performances sont donc au rendez-vous. Enfin, elles semblent surtout sortir d’un autre monde. Eh oui, cette « simple » berline passe la barre des 100 km/h en seulement 2,1 secondes. Elle continue ensuite vers une vitesse de pointe de 262 km/h. Mieux encore, avec le Track Pack, elle passe à 322 km/h. Heureusement, ce pack ajoute aussi des jantes spécifiques et des freins en carbone céramique.
Dès les premiers tours de roue, on ne peut s’imaginer la bête qui sommeille sous cette Américaine. En conduite normale, on sent qu’il y en a sous la pédale, mais rien ne peut nous préparer à la fougue tellement la Model S Plaid est silencieuse, confortable et bien éduquée. Pourtant, il suffit d’un léger mouvement de la cheville droite pour avoir…le souffle coupé ! Peu importe la voiture à côté, peu importe la qualité du pilote, la Model S Plaid la détruira en reprise.
Cette accélération, c’est l’outil ultime pour impressionner vos amis. Après l’application « coussin péteur », évidemment ! Cela étant, la Tesla Model S Plaid reste, fondamentalement, un outil unidimensionnel. Ça accélère fort, mais sans aucun bruit. En courbe, en plus de glisser du siège en similicuir au maintien quasi inexistant, on note que les ingénieurs américains ont tout mis dans les moteurs, sans réellement adapter le châssis. Il faut alors aborder une conduite similaire aux poney-cars américaines : rapide en lignes droites, doucement en courbes.
Le plus impressionnant dans cette Tesla Model S Plaid n’est pourtant pas ses performances, mais sa normalité – dit-on en posant nos lunettes d’homme sensible sur le nez. Malgré toutes ces performances, tous ces départs arrêté de folie qu’on a fait durant nos 5 jours d’essai et sans compter les 400 km d’autoroute, notre consommation moyenne s’est fixée à 19,3 kWh/100 km. Voilà qui donne une autonomie de 500/600 km facilement, tout en faisant rougir toutes les autres électriques dotées d’une fraction de la puissance. On ose à peine mentionner les 16,1 kWh/100 km qu’on a vu lors d’une conduite avec un œuf sous le pied…
La Tesla Model S Plaid est facturée à 133 470 € (France : 131 490 €). C’est cher, très cher, mais peut-on réellement mettre un prix sur la berline la plus rapide en Europe ? En plus, si l’on compare à la concurrence, cette Model S reste facilement 20 000 € plus abordable que les berlines électriques les plus puissantes de chez Mercedes, Audi ou Porsche…
La Tesla Model S Plaid est la berline électrique la plus rapide sur le sol européen. Elle offre une expérience de conduite provenant d’un autre monde ! Pourtant, elle parvient à faire tout cela sans prétention. Elle reste habitable, confortable et ses trois moteurs électriques parviennent à consommer moins que certains concurrents à moteur unique.
