Outre leurs suspensions rehaussées, Passat et V60 usent des mêmes artifices pour se donner l’air «dur» : protections de bas de caisses, boucliers plus enveloppants, passages de roues habillés de plastique noir et jantes de 18 pouces (option) pour donner l’impression de grandes roues, synonyme de franchissement. Mais nos deux protagonistes ne se contentent pas de faire semblant : l’une comme l’autre sont dotées d’une transmission intégrale !
Tout terrain…
L’Alltrack comme la Cross Country reçoivent en effet un différentiel Haldex. Grâce à lui, les roues arrière deviennent automatiquement motrices dès qu’une perte d’adhérence est détectée. Rapide, efficace, et pertinent pour ce genre de voiture qui passera le plus clair de son temps sur le bitume, où seules les roues avant se chargent de la mouvoir. Ce système n’a montré aucun signe de faiblesse pour sortir nos concurrentes des bains de boues particulièrement garnis dans lesquelles nous les avons jetées. Sur un terrain vraiment éprouvant, la suédoise devrait toutefois mieux s’en sortir que l’allemande grâce à son couple plus généreux (420Nm contre 340Nm ou 400Nm) et sa garde au sol nettement plus importante (201 mm contre 165 mm). L’une comme l’autre peuvent également compter sur un assistant de descente si la pente se fait trop raide.
…mais routières avant tout !
Chez Volvo, la transmission intégrale implique de se tourner vers la «vieille» motorisation D4, à savoir le 5 cylindres de 2.400cc, couplé d’emblée à la boîte automatique à six rapports. Un ensemble homogène et plutôt efficace à l’usage par la douceur de passage des rapports et la bonne forme des 190 canassons. Mais un tel cubage et 1.836 kg à emmener impactent la consommation, qui s’affiche plus de 2,5 litres supérieure aux 5,7l de moyenne normalisée. Le nouveau moteur D4, un 2 litres de puissance équivalente, reste pour l’heure indisponible en 4x4. C’est dommage car il se montre nettement plus parcimonieux, avec 4,2l/100km de moyenne (en 2WD).
Chez Volkswagen alors
Face à elle, la Passat Alltrack est livrée d’office en 4Motion avec le 2 litres TDI dans ses déclinaisons de 150 ou 190 chevaux. Le premier des deux, couplé à une boîte manuelle à six rapports, suffit à conférer une belle santé à la «légère» Passat (1.670 kg) tout en se montrant moins glouton avec ses 4,9l/100km annoncés (5,1l pour le 190 ch) et 7l affichés. Les reprises sont forcément moins vives que sur la Volvo, mais l’agrément moteur et, surtout, le niveau sonore sont assez nettement supérieurs, le bloc de la suédoise étant plutôt rugueux.
Tout parait d’ailleurs plus «viril» dans la V60, de la direction à la réponse des commandes, alors que la Passat reste égale à elle-même : d’une neutralité absolue. Dans les deux cas, les qualités de roulage sont préservées, à l’exception de l’amortissement raffermi qui peut pénaliser le confort sur route dégradée. Un défaut auquel Volkswagen propose de pallier en optant pour une suspension pilotée.
Ikea vs Bauhaus
A bord, l’ambiance est très différente : sérieuse, presque austère dans la Volkswagen ; plus design mais vieillissante dans la Volvo. Dans les deux cas, la qualité des matériaux est louable, et leur assemblage particulièrement soigné, mais l’on regrettera la rareté des détails spécifiques (marchepieds, logos…). Par son mobilier plus massif la V60 rend l’impression de conduire une voiture plus cossue. Mais elle ne peut lutter avec sa concurrente en matière d’espace à bord ou de volume de coffre : 430 litres contre… 639 ! De même, la Passat prend l’avantage sur le plan de l’infodivertissement avec son système plus moderne et intuitif.
Les prix
Reste à régler la question du prix. Le ticket d’entrée de la V60 Cross Country est fixé à 40.720€ pour le D3 150 ch 2WD en finition Momentum un peu mieux équipée qu’une Passat Alltrack 150 ch AWD à 40.910€. Mais pour profiter de la transmission intégrale, il faudra débourser 46.770€ pour une V60 CC D4 190 ch, alors qu’une Passat Alltrack TDI 190 s’affiche à 44.560€.
Verdict
La Passat n’en finit pas de nous étonner ! La douceur, l’agrément et la générosité d’espace intacts sur cette Alltrack font d’elle la plus polyvalente de ce comparatif. Ceux qui aiment vraiment chausser les grosse bottines et s’aventurer loin du bitume préfèreront toutefois la Volvo pour son côté plus viril et ses aptitudes face aux difficultés du chemin. Dommage qu’il faille pour ça opter pour un moteur vieillissant et aussi pénalisé fiscalement chez nous.