Test comparatif: Jaguar i-Pace vs Tesla Model X 75D – Rencontre sous haute tension

La confrontation entre le poids-lourds du marché et son nouvel outsider risque bien de faire des étincelles ! Avec son allure de baleineau dictée par l’aérodynamisme, le Tesla Model X se remarque dans le trafic. Il faut dire qu’il est loin d’être compact : avec 5 mètres de long, 2 de large et, surtout, 1,62 de haut, il est bien plus imposant le Jaguar i-Pace, qui parait bien chétif avec ses 4,68 mètres de long, pour 1,56 de hauteur. Une compacité qui lui permet d’afficher une ligne plus fluide que celle du Model X. Certes les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais si l’on en croit l’avis des propriétaires de Tesla venus « inspecter » le crossover anglais garé à proximité d’un Supercharger, l’i-Pace plait assurément !

Deux univers

Avec de telles différences de proportions, le Tesla remporte aisément le match de l’habitabilité. La Jaguar est toutefois loin de démériter et se porte au niveau des meilleurs breaks du marché en la matière. Dans les deux cas, les batteries placées dans le plancher permettent de conserver des sièges arrière repliables et l’espace dévolu aux occupants est excellent aux quatre places. On apprécie d’ailleurs l’excellent maintien des sièges avant du Tesla, tandis qu’on préfère les places arrière plus « luxueuses » du Jaguar.

A bord, Jaguar et Tesla ont choisi une approche radicalement opposée. L’habitacle de la Jaguar est moderne, mais empreint de tradition. On a droit à un écran tactile en guise de console centrale et à un autre derrière le volant, mais ils sont secondés de commandes physiques bienvenues. Tout est fait pour que le conducteur se sente comme dans une voiture « normale » : les commodos sont « normaux », il y a un bouton Start/Stop « normal » et il faut ouvrir manuellement la portière « normale » pour monter à bord.

Rien de tout cela chez Tesla ! Monter à bord est déjà un rituel particulier : approchez-vous du véhicule avec la clé de contact, et la portière conducteur s’ouvrira automatiquement (en adaptant l’amplitude à l’espace disponible !). Asseyez-vous et appuyez sur le frein, et non seulement la portière se fermera d’elle-même, mais la voiture saura que vous êtes prêt à démarrer, sans avoir à presser un quelconque bouton. Passez la boîte automatique en P et ouvrez la portière, la voiture se coupera seule. Et que dire des portières arrière « Falcon » à la cinématique unique, qui constituent un spectacle à elles-seules !? A défaut d’être pratique en toutes circonstances (parkings souterrains notamment), tout cela participe à l’ambiance « show car » du Model X.

L’habitacle est caractérisé par cet énorme écran vertical au centre du meuble de bord. C’est par lui que passent toutes les commandes, hormis les clignotants et essuie-glaces. Heureusement, la lisibilité des informations est imbattable, et la réactivité du système bien meilleure que celle du Jaguar, qui souffre de ralentissements pénalisants, notamment dans l’affichage de la caméra de recul. Mais pour l’ergonomie et la praticité, on repassera ! Tout comme pour la qualité de fabrication, indigne du prix demandé.

Douceur et puissance

Et niveau prix, l’Américain est loin d’être bradé ! Son tarif débute à 90.700 €. Face à lui, l’Anglais est proposé à partir de 78.380 €, mais la finition First Edition qui nous occupe est affichée à 103.440€ ! A ce prix, l’i

Au-delà des chiffres et d’une douceur indéniable propre à leur motorisation, nos prétendants affichent un caractère différent sur la route. Comme son look massif le laisse entrevoir, le Model X se montre assez placide, avec une inertie importante générée par les 2.390 kilos lorsqu’on hausse le rythme. Il se rattrape par un excellent confort. L’i-Pace est, lui, une vraie Jaguar ! Plus ferme que son concurrent, il se montre nettement plus incisif en courbes, grâce à sa direction millimétrée et son châssis réglé aux petits oignons. Le paradoxe dans tout cela, c’est que les limites d’adhérence du Model X semblent plus éloignée que celles du Jaguar, pourtant sensiblement plus léger, avec 2.133 kg (tout de même).

Autonomie

Abordons enfin LA question de ce match : l’autonomie ! Jaguar annonce « jusqu’à » 470 km en cycle NEDC ; Tesla en promet 417. Dans la pratique, l’ordinateur de bord affichait 401 km avec une charge complète sur le premier, 357 sur le second, puisque nos essais ont été réalisés avec l’info-divertissement et la ventilation constamment activés. En route, dans le cadre d’une conduite « normale », ces autonomies s’avèrent tout à fait réalistes, avec un léger différentiel d’environ 5% au final. Au terme de nos essais réalisés dans des conditions semblables, le Tesla affichait une consommation moyenne de 20,4 kWh/100km, contre 22,9 pour la Jaguar. L’Américain se montre donc un peu plus parcimonieux, en partie grâce à sa régénération au freinage plus marquée.

En matière de charge, Tesla conserve toujours un atout certain avec ses Superchargeur : pratiques, faciles d’accès et ultra-rapide (0 à 80% en 45 minutes), on en redemande ! Malgré un badge qui donne accès à de nombreuses bornes de charge (rapide ou non) un peu partout, charger la Jaguar (ou toute autre voiture électrique) reste plus compliqué, notamment par la rareté des points de charge et la diversité des prises et embouts, mais aussi et surtout par la variété des gestionnaires de ceux-ci. Dans tous les cas, mieux vaudra s’équiper d’une borne de charge rapide à domicile, histoire de récupérer 60 ou 70 km par heure de charge. C’est là l’avantage de la voiture électrique: si l’autonomie est moindre que celle d’une voiture thermique, on part pratiquement systématiquement de chez soi avec un plein complet. Et les trajets quotidiens et excursions du weekend ne posent alors jamais de problème. Toutefois, oubliez définitivement la charge sur une prise classique : il vous faudrait près de deux jours pour une charge complète !

Conclusion

Le Jaguar i-Pace est la première épine dans le pied de Tesla. Mieux fini que son concurrent, plus incisif sur route, porteur d’un blason réputé et doté d’une autonomie aussi solide, il remporte objectivement ce comparatif. Reste que si comme moi, vous avez un côté geek en vous, le sentiment d’ « ordinateur roulant futuriste » du Model X rendra votre choix des plus cornéliens.

Merci aux Stephex Stables de nous avoir accueilli lors de notre tournage.