Mais aujourd’hui, quelques compactes à un prix fort abordable telles que la Mazda 3 MPS atteignent elles aussi cette puissance. Les 260 ch ont-ils définitivement perdu leur attrait? Pas tout à fait. En effet, il existe encore quelques voitures réservées à un public restreint qui, grâce à leur légèreté, sont capables de foncer à toute allure avec cette puissance. Et la Caterham CSR 260 Superlight en est un bon exemple. Caterham ? En Allemagne, cette marque automobile n’est guère connue. Toutefois, le constructeur indépendant compte parmi les plus importants producteurs de voitures de course au monde. Le modèle de course de cette firme britannique se nomme 7 (« Seven »). Il fait référence au Lotus 7 construit entre 1957 et 1972. Depuis 1973, Caterham détient les droits de fabrication de ce champion de la vitesse et distribue chaque année près de 600 de ces mythes vivants.
Hoffmann’s Highend-Seven
Le roadster rétro n'est pas uniquement construit en modèle de course. Caterham propose également toute une palette de versions de route. La déclinaison Highend présentant un moteur Cosworth amélioré sous le capot se nomme CSR. Officiellement, seule la CRS 200 bénéficie d'une autorisation en Allemagne. Cependant, Kurt Hoffmann (concessionnaire Hoffmann & Rink) a sorti une CSR 260 Superlight R entièrement revue en modèle unique.
La Superlight dévoile son caractère unique de manière très impressionnante. La britannique incarne l’art du « laisser tomber » dans toute sa splendeur. Vitres, portières, tapis, chauffage, capote et frein à main ? Rien de tout ça! Les éléments en carbone permettent-lui faire perdre quelques kilos en plus: sièges, ailes, pare-vent, tête de rétroviseur et tableau de bord. Ainsi, le poids de la voiture a pu être réduit à 515 Kilo. La CSR développe une puissance de 505 ch par tonne. En comparaison, la dernière Porsche 911 GT2 a un rapport poids/puissance de 335 ch par tonne seulement.
Emotions en éveil
Pas la peine d'être contorsionniste pour s’installer dans la CSR. Il est en effet encore possible de prendre place sur le siège dur et de se glisser à côté du volant amovible de 290 millimètre de manière assez élégante. Solidement fixé, le siège n'est pas réglable. Soit il est à la bonne taille, soit il ne l’est pas. Puis il ne reste plus qu'à boucler sa ceinture, mettre son casque et appuyer sur le bouton rouge sur le tableau de bord. Et voilà que le râlement du quatre cylindres de 2,3 litres fait dessiner sur mon visage un mince sourire. Il me montre combien il est déterminé à me catapulter dans une nouvelle dimension de la vitesse.
A la base de l'entraînement de la CSR se trouve le moteur Duratec de Ford. Cosworth, spécialisé dans les moteurs de Formule 1, a revu le quatre cylindres dans les moindres détails pour le pousser à son maximum. Dans la CSR 200, une cure spéciale a été suffisante pour atteindre 200 PS. En ce qui concerne la 260, les modifications effectuées ont été plus importantes: la culasse, le piston de vérin, le vilebrequin, l’arbre à came, le système d'échappement et le système à injection sont tout nouveaux et offrent 30 pour cent de puissance en plus.
Plus rapide que les plus rapides
Afin de pouvoir ressentir le maximum de pression, le moteur doit tourner à haut régime: il développe un couple de 200 Newton-mètres à un régime tout juste supérieur à 6000 tours/min, la puissance maximale est atteinte à 7500 tours. Une fois atteinte et même après, le quatre cylindres tourne volontiers et avec spontanéité, il ne ressent alors plus aucune douleur. Son acoustique infernale est aussi brutale que le beuglement de marins tatoués sur tout le corps en pleine euphorie. Cette acoustique façon hardcore fait entièrement rupture avec le son mélodieux synthétique des voitures de sport modernes, pour notre plus grand bien! Et ce bruit en dit long: en trois secondes seulement, la Superlight accélère à 100 km/h. La boîte six rapports étant courte, il faut changer deux fois de vitesses pour atteindre la barre des 100 et ça prend du temps… Néanmoins, même les Porsche et Ferrari les plus puissantes se font distancer au 0-100 km/h.
La Seven n’est pas faite pour des vitesses finales élevées. 250 km/h est le summum des sensations et les atteindre n’est pas du bonheur. Bien que le casque intégral permette de supporter l'ouragan à l'intérieur de la voiture, la tempête qui fait rage à 200 km/h sur autoroute coupe radicalement toute envie de vitesse. Avec la 7, la vitesse s’expérimente de manière trop brute. Par ailleurs, à une rapide allure, la Seven n’adhère pas convenablement à la route en raison de son mauvais aérodynamisme. Et par temps de vent, tout manque de pression fait osciller la voiture brusquement et force son conducteur à faire preuve de beaucoup d'attention et d'agilité.
Pas de pare-vent
C’est sur une route parsemée de grands virages à droite et à gauche que la CSR est particulièrement agréable à conduire. En roulant le plus vite possible dans ces virages, vous vivrez de pures sensations extrêmes. La direction extrêmement directe, les freins sportifs et le châssis offrent d'excellentes réactions comme aucune autre voiture moderne. De surcroît, la carrosserie est aussi rigide qu'un serre-joint. Le réglage de l'amortissement offre un confort incroyable malgré la configuration sportive. Il n’y a aucune aide à la conduite électroniques telles que l'ABS et l'ESP, seul un différentiel à glissement limité aide légèrement les roues en cas de tentatives désespérées d’adhérence à la route. Quelque part entre ultra rapidité et vitesse folle, la CSR 260 obéit à tous les changements de direction. Elle ne connaît pas de sous-virage, elle se faufile avec précision à travers les courbes les plus étroites sans vacillement ni grincement de pneus.
Mais quand on termine les virages à une vitesse élevée, l’arrière se met à faire des embardées. Le pilote est assis sur l’essieu arrière entraîné alors que le moteur se trouve plus en avant. Avec une telle configuration, il est bien facile de faire glisser les roues arrière sous pression sur le côté avec hardiesse alors que les roues avant ne modifient nullement leur trajectoire. Le potentiel de drift de la Caterham est tout aussi élevé. Celui qui en a dans le ventre peut réduire la boucle du roadster à un niveau chariot de course.
Un joujou fort coûteux
Aucune valeur de consommation officielle n’a été donnée. Cependant, la consommation de carburant devrait se situer entre douze et 25 litres en fonction du style de conduite. Avec une Caterham, il ne s'agit en aucun cas d'efficacité ou d'économie. De toute façon, une CSR n'est pas une voiture pour ceux qui regardent leur portefeuille. Pour la 200, on obtient sans problème une plaque d’immatriculation si on est prêt à dépenser 56 600 euros. La 260 coûte sans certificat d’immatriculation 67 300 euros. Et pour la Superlight, il faut investir environ 80 000 euros. Le problème de l’immatriculation peut être réglé individuellement, d'après Hoffmann.
Conclusion
La CSR est une des voitures de route les plus puristes et sincère qui soit. Pas de direction assistée. Pas d'aide au freinage d’urgence. Pas de pédale d’accélérateur électrique. Tout réagit de manière directe aux ordres. Direction, admission des gaz, changement de vitesse: bien avant que l’on pense à une manoeuvre, la voiture réagit d'elle-même. On se demande alors qui est hypnotisé dans ce cas ? Peu importe, le plaisir de conduite a été énorme, du moins, pendant une période limitée. Et la fascination est encore plus grande dans la 260 extrêmement réactive que dans la CSR 200. Même elle offre cette performance exceptionnelle et une expérience de conduite des plus puristes. Et si vous avez déjà roulé à bord de la déclinaison plus radicale, vous saurez apprécier le plaisir particulier de la 260 à sa juste valeur.
Dans la règle, une Caterham est recommandée comme troisième ou quatrième voiture pour tous ceux qui souhaitent fuir le calme, le confort et l'ennui des modèles de série classiques. Elle ne s’utilise tout au plus que sur des pistes de course ou pour des virées par beau temps en week-end. C’est bon de savoir que de tels modèles existent encore.