Mais pour McQueen, "Le Mans" s'avéra être un vrai cauchemar qui fit échouer son mariage, mit sa société de production en faillite et fit un flop. C'est pour raconter cette histoire que Chad McQueen, le fils de Steve, a réalisé le documentaire "Steve McQueen – The Man & Le Mans". En 1970, Steve McQueen était la plus grande Star de cinéma au monde. Son nom figurait en haut des affiches de films comme "Les Sept Mercenaires", "La Grande Evasion" ou encore "Bullit". Il était l'Homme par excellence et voulait réaliser LE film de sa carrière, un film sur Le Mans, la course la plus excitante et la plus dangereuse de l'Histoire.
Gros budget
Solar Productions, la société de McQueen, investit 6 millions de dollars dans le projet, le plus gros budget jamais alloué à un film de McQueen. C'est dire l'importance que "Le Mans" avait pour l'acteur. Mais comme le montre le documentaire, tout est allé de travers dès le départ. Les scénaristes allaient et venaient, le budget explosa et le réalisateur John Sturges (La Grande Evasion) quitta le navire en plein tournage sur ces mots: "Je suis trop vieux et trop riche pour supporter ce bordel".
McQueen avait tout fait pour rendre "Le Mans" aussi réaliste que possible: les vrais pilotes, le vrai circuit… Derek Bell, quintuple vainqueur des 24 Heures, raconte: "En tant que pilotes, nous recevions 200 dollars par jour pour conduire des bolides fantastiques dans un film avec Steve McQueen. Pour nous, c'était le bon plan." Sauf pour David Piper, puisqu'il fut victime d'un très sérieux accident pendant le tournage, et perdit une jambe.
Couverture
Mario Iscovich, l'assistant de McQueen, avait 20 ans lorsqu'il débarqua en France pour le tournage. Il fut témoin de la façon dont le film vira du rêve au cauchemar pour McQueen. "A peine arrivé, je me suis retrouvé dans le rôle de la couverture. Steve nous avait emmenés, moi et sa compagne à l'écran Elga Andersen, pour un petit tour en Peugeot dans la campagne. Mais Steve conduisait comme s'il était au volant de sa voiture de course. Eux avaient l'air cool mais Steve roulait vraiment trop vite et nous avons quand-même fini par nous crasher. Lui et Elga s'en sont sorti avec quelques bleus. Moi par contre, j'ai eu un bras cassé. Et j'ai du prétendre que j'étais au volant. Tout ce que je voulais après ça, c'était me reposer à l'hôtel mais Steve est venu dans ma chambre. Il avait peur que je lui fasse un procès. "Tu ferais mieux de venir travailler, demain", disait-il. Il était tout le temps en état de paranoïa."
L'équipe de tournage avait transformé un parking vide en camp de production", raconte Iscovich. "Une grande tente pour les repas et les toilettes, et trois caravanes dans lesquelles les scénaristes tapaient toute la journée. Mais on n'a jamais eu de script définitif."
"Perdu les pédales"
Un grave accident, des prises de vues interminables, le manque d'argent… Cinema Center Films, qui allait ensuite distribuer le film, demanda à McQueen de prendre un peu de distance avec le travail de production. "Steve avait perdu les pédales", poursuit Iscovich. "Sa recherche de perfection était obsessionnelle. Il voulait retrouver le parfum et la pureté de la course dans chaque scène. Le problème, c'est qu''il n'y avait ni histoire, ni rythme dans le film. Dans la salle de production, même les monteurs ne savaient pas quoi faire des images."
Même le coproducteur et ami de McQueen, Bob Relyea – ils avaient fondé Solar en semble – ne put sortir McQueen de son obsession. Et leur amitié n'y résista pas. Pas plus que le mariage de McQueen. "Steve était un aimant à femmes. Sa caravane n'était jamais vide. Je ne sais pas combien de femmes passaient par là chaque semaine, mais c'était certainement entre 3 et 12. Sa femme Neile faisait de son mieux pour garder ça sous contrôle, mais l'obsession de Steve pour le film balayait tout sur son passage. Et pour Neile, ça a été la goutte d'eau."
[Steve McQueen