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Reportage: Sport automobile – La compétition automobile au féminin

L’automobile et de surcroit la compétition automobile sont de primes abords réservés aux hommes… Les belles voitures, les belles mécaniques font partie de la fierté masculine.

On peut voir de très jolies filles au mondial de l’automobile ou sur les compétitions automobiles mais elles sont souvent reléguées au rôle de «bel objet» ou de «pom pom girl». Toutefois de plus en plus de femmes s’engagent dans le sport automobile avec succès.
A chaque grand prix de F1, on peut admirer les plus belles filles du pays et aux Etats-Unis, lors des courses d’Indy cars, c’est un étalage de pom pom girls colorées. Cependant, certaines femmes se lancent dans le sport automobile. Les plus jeunes commencent par la meilleure école, à savoir le karting, d’autres par le rallye et le rallye-raid. Pour moi, c’est Michèle Mouton, célèbre pilote de rallye dans les années 80, qui m’a le plus impressionnée. J’ai eu la chance de faire une interview d’elle il y a quelques années et à la question «Est-ce difficile d’évoluer dans ce milieu masculin?», elle avait immédiatement répondu qu’il fallait qu’une femme privilégie le rallye plutôt que le circuit: les ordres de départ dans un rallye sont donnés toutes les 2-3 minutes et chacun fait sa course, alors qu’en circuit, forcément tout le monde part en même temps et les poussettes hors de la piste sont beaucoup plus faciles à faire.

Comment se lancer dans la compétition automobile quand on est une femme?

Et bien tout d’abord il faut être extrêmement motivée par la compétition, par le travail et l’entrainement qui requièrent un investissement total. Vous me direz c’est un peu le propre de n’importe quelle discipline pratiquée à haut niveau. C’est vrai, mais là c’est encore plus flagrant car vous foulez des plates-bandes qui sont habituellement réservées aux hommes. Qu’on se veuille ou non, il faut bien se mettre dans la tête que pour se faire respecter dans le circuit, il va falloir prouver beaucoup plus qu’un homme, être plus persévérante, être meilleure…tout en sachant qu’on ne vous ferra jamais de cadeau. Si au début, vous évoluerez en fond de tableau: là, tout le monde viendra vous voir, vous serez un peu l’attraction du milieu. Mais si vous commencez à monter dans le classement: là d’un seul coup vous ne serez plus la petite «nana» qu’on vient voir, conseiller et éventuellement draguer: vous deviendrez vraiment la femme à battre. Mais quelle meilleure stimulation que quelqu’un qui fait un meilleur chrono que vous!

En fait il faut arriver à faire sa place et ensuite les relations se calment: vous faites dorénavant partie du décor de la discipline. En rallye-raid par exemple, tout le monde se «déchire» sur la piste, car nous sommes tous là pour faire le meilleur temps possible, en fonction de ses capacités de pilotage, de son expérience et de sa voiture. Mais comme tout peut arriver très rapidement sur la piste : une crevaison, un ensablement, une panne mécanique…finalement tout le monde, du pilote usine au pilote amateur, le matin au départ de chaque spéciale part dans l’inconnu. Et le principe (plus ou moins respecté par certains) en rallye-raid est de s’entre-aider, car si aujourd’hui c’est vous qui ates en panne, demain ce sera peut-être la personne qui vous a aidée et c’est à vous de vous en rappeler. Là il n’y a pas de différence que vous soyez une femme ou un homme. Heureusement, un peu d’humanité quand même!

Quelle équipe choisir?

Là, encore une fois, ce n’est vraiment pas facile de choisir. Forcément il va falloir faire sa place dans l’équipe et se positionner par rapport aux autres pilotes. En fait tout va dépendre de vos objectifs: si vous souhaitez juste participer, vous faire plaisir sans pression de résultat: vous serez la princesse dans l’équipe. Par contre, si votre objectif est de gagner des places: là ce sera plus délicat. Il vous faudra être très diplomate pour avancer. Il faut être dans une équipe qui vous «aime», qui vous protège et en même temps qui vous pousse pour vous améliorer.

Quelles connaissances mécaniques avoir?

Concernant la mécanique, je pense que c’est le point le plus compliqué…Vous pourrez être respectée en tant que pilote, par contre en ce qui concerne la mécanique, jamais vous ne serez crédible: on ne vous écoutera jamais (à moins que vous sortiez de la filiale mécanique de compétition, et encore…) et la collaboration avec votre mécanicien sera réduite. Il fera ce que lui dit de faire le responsable de l’équipe.

Je pense que les femmes sont beaucoup plus sensibles au ressenti de la voiture, à un changement de comportement, à une sensation différente…

J’ai eu l’expérience un jour de monter dans ma voiture de course (imaginez un peu, j’y reste pratiquement 8-10 heures par jour) et de trouver le volant différent par rapport à la veille. Comme nous avions de la liaison avant le départ de la spéciale, j’ai contacté mon assistance en leur demandant de m’attendre car la pompe de direction assistée devait être en train de lâcher. J’arrive au camion d’assistance et commence à expliquer ce qui m’arrive. Et là, le responsable de l’équipe me dit: «Mais écoute Isabelle, tu n’as pas les compétences techniques pour affirmer que c’est la pompe de direction assistée, tu n’en sais rien.» Certes je n’ai pas fait d’école de mécanique, mais par contre j’étais certaine que le comportement de mon volant avait changé et que c’était la pompe de direction assistée…Le responsable de l’équipe est monté dans ma voiture, a tourné le volant deux-trois fois et a confirmé qu’il fallait bien changer la pompe de direction assistée! Là, ça agace un peu quand même!

Mieux vaut bien s’entendre avec son mécanicien, car c’est lui qui fait ce qu’il veut sur votre voiture…S’il a décidé de ne pas travailler, vous repartirez avec votre voiture en l’état. Il faut bien se dire que c’est lui qui a la place la plus ingrate, à travailler le soir, dans le froid, dans l’ombre du pilote et de l’équipage: un peu comme le copilote.

Quel copilote choisir ?

Le copilote est des deux occupants de la voiture de course celui qui doit tout gérer: c’est lui qui est responsable du timing, de l’ordre de départ, de l’heure de départ, du carton de pointage…Mais il doit également gérer le rapport au mécanicien de ce qui s’est passé dans la spéciale, la consommation essence (en rallye-raid), le coloriage du road-book et une fois que tout ça est fait, il doit gérer la voiture lorsqu’elle roule en course, avec non seulement la navigation, la gestion des paramètres moteur, les notes à annoncer au pilote…Bref, comme le mécanicien, le copilote est dans l’ombre du pilote. Et pourtant, sans lui, la voiture ne marcherait pas. Je voudrais en profiter pour remercier Sébastien Loeb de mettre autant en avant son copilote Daniel Elena: ils forment vraiment une belle paire. Car il faut une grande complicité entre le pilote et le copilote pour que tout fonctionne à merveille dans l’habitacle. Sur un rallye comme le Paris-Dakar, nous restons à peu près 10 à 12 heures dans la voiture: alors mieux vaut bien s’entendre et s’entre-aider, sinon la course devient vite un enfer…Il faut être très tolérant, que ce soit du pilote vis-à-vis du copilote, que du copilote vis-à-vis du pilote, car dans les deux cas, une erreur est très vite arrivée, que ce soit une erreur de navigation, pour le copilote ou une crevaison ou un ensablement pour le pilote. Les deux doivent avoir le même objectif commun et s’employer à 400% pour y arriver, quitte à laisser de côté son amour propre, son caractère affirmé ou autre!

J’espère que je ne vous ai pas découragée, je voulais surtout décrire le fonctionnement de ce milieu très particulier. Mais la compétition automobile est une superbe discipline, avec toutes ses émotions, ses joies et forcément ses peines…Si vous vous sentez vraiment une âme de pilote: foncez car vous serez de toute façon conquise par ce milieu!

Et bonnes courses !

Isabelle Patissier

------------------------- Isabelle Patissier, double championne du monde d’escalade et championne du monde de rallye raid participera au Dakar 2009 aux côtés de son copilote Thierry Delli-Zotti, au volant d’un buggy aux couleurs d’AutoScout24.

Prêt pour la prochaine étape

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