Difficile à croire, mais c'est bien en 1989 que Mazda a surpris la planète entière en s'intéressant à un style de voiture auquel à peu près plus personne ne croyait. Au point qu'on peut se demander aujourd'hui s'il le Roadster existerait encore s'il n'y avait eu la MX-5.
Pour cause de sécurité
Le Roadster avait pourtant fait les belles heures de l'automobile, et a été des décennies durant le double archétype de la voiture de sport et de la voiture Dolce Vita. Mais quand dans les années 70, le régulateur du plus grand marché du monde, à savoir les USA, jugea le roadster trop dangereux en cas de retournement, le genre entra dans un lent déclin, au détriment de marques spécialisées. Dans les années 80, MG n'était plus que l'ombre d'elle-même, Triumph allait bientôt s'éteindre et seule Alfa Romeo restait fidèle à la Spider.
La légende dit que c'est Bob Hall, journaliste automobile déçu de voir mourir le roadster, qui aurait soufflé en 1976 à de hauts responsables de Mazda l'idée de produire "une petite voiture de sport, qui met le vent dans les cheveux et des insectes dans les dents, comme en produisaient si bien les anglais". Cinq ans plus tard, l'homme n'est plus journaliste mais membre du développement produit pour le constructeur, et il participe à la mise en chantier d'un petit roadster.
Inspirée par Lotus
Plusieurs voies sont explorées, dont l'architecture à moteur central arrière adoptée bien plus tard par la MGF. Ce sera finalement le concept originel du roadster qui sera retenu : moteur avant, transmission arrière, deux passagers au milieu, poids minimal. Et pour le look, Mazda n'a jamais caché s'être inspirée d'une icône : la Lotus Elan des Sixties.
En août 1985, un premier prototype roulant est construit et est envoyé l'air de rien sur les routes californiennes pour "prendre la température". Le public est chaud bouillant et Mazda donne donc définitivement le feu vert au projet. Mais il reste une inconnue : la voiture répondra-t-elle aux normes de sécurité américaine ? Grâce aux progrès réalisés en termes de résistance des matériaux, les montants de pare-brise de la MX-5 ne s'écrasent pas en cas de retournement, et plus rien ne s'oppose à la commercialisation.
Liste d'attente
La Mazda MX-5 est lancée en 1989 aux USA, où elle est rebaptisée Miata. Le succès est tel que les clients américains doivent faire une chose à laquelle ils ne sont pas habitués : attendre. Certains concessionnaires vont même jusqu'à gonfler le prix de la voiture pour contrôler la demande. Mais peu importe, les USA et le monde entier font de la Mazda MX-5 un succès aussi énorme qu'inattendu.
Sur les traces de la Miata
Subitement, on se rappelle que le Roadster est la voiture plaisir par excellence. Et comme toujours dans le monde de l'automobile, le succès appelle l'imitation. Entre 1994 et 1999, cette niche se redéveloppe : Fiat Barchetta, MGF, BMW Z3, Renault Spider, Mercedes SLK, Porsche Boxster, Lotus Elise, Toyota MR et Honda S2000 redonnent vie au genre.
Aujourd'hui, la folie roadster est hélas retombée. Fiat, Toyota, Honda, Renault : aucun n'a poursuivi l'expérience au-delà d'une génération, et MG n'est plus vraiment MG. Il n'en demeure pas moins que la Mazda MX-5 a marqué un tournant dans l'histoire de l'automobile passionnelle, et ce n'est que justice si, aujourd'hui, elle reste la référence absolue. Au point que c'est vers elle que s'est tournée Fiat pour faire revivre la Dolce Vita.
Bon anniversaire, jolie Miata !