Durant les années 90, Audi était en état de grâce. La transmission intégrale Quattro avait créé une belle image autour de la marque, et le slogan "Vorsprung durch Technik", l'avantage par la technologie, n'en était qu'à ses débuts: des TDI de plus en plus puissants et rapides, châssis Spaceframe tout aluminium… Il ne manquait qu'une chose au constructeur: le sex-appeal.
Beetle
Mais ça aussi, Audi voulait s'en occuper. "Nous voulions un roadster sur base de notre A3 (construite sur la plateforme de la Golf, ndlr)", explique Ulrich Hackenberg, alors responsable du développement produits, dans une interview accordée à TT Illustrated, le magazine d'Audi. Hackenberg frappa alors à la porte de J. Mays, qui était à l'époque le chef du design Audi. "Je vous envoie mon meilleur homme", a répondu celui-ci. C'est là qu'entre en piste Freeman Thomas, l'Américain qui venait de frapper les esprits en créant la nouvelle VW Beetle.
Audi nous a fourni un croquis réalisé par Thomas en 1994, et on peut voir à quel point le produit fini était proche des premières idées jetées sur papier. Thomas avait trouvé l'inspiration du côté du Bauhaus allemand et des flèches d'argent Auto Union des années 30. Ce qui sortit de son crayon devint instantanément un classique.
Piëch
"Nous avons montré la voiture pour la première fois à Ferdinand Piëch (alors Big Boss de VW, ndlr) à l'occasion d'une réunion sur l'Audi A2. Le concept de la TT Roadster était dissimulé sous un voile, et Piëch ne pouvait pas s'arrêter de le lorgner. Lorsque nous avons enfin dévoilé la voiture, il est resté silencieux, mais on voyait qu'il aimait beaucoup. Et puis il a vu un croquis du coupé, et il a dit: "Nous allons faire celle-là d'abord."" L'avis de Piëch était qu'il y avait déjà assez de roadsters chez les concurrents. Lorsqu'il fut présenté au Salon de Francfort, le coupé Audi TT fit mouche auprès du public.
Pour ce qui est du nom, ce fut une autre paire de manches. Hackenberg se rappelle: "Il y a eu beaucoup de discussions et beaucoup de propositions. Thomas penchait pour "Alpensieger" tandis que J. Mays préférait "Zuma". Et finalement, tout le monde s'est accordé sur le consensus "TT", qui évoquait le Tourist Trophy de l'Île de Man, mais aussi la NSU TT." En 1995, Audi a dévoilé la TT Roadster au Japon et comme on peut le voir sur les dessins de Thomas, un Spyder était aussi prévu. C'est finalement en 1998 qu'Audi dévoila la version production de la TT, qui différait très peu du concept car.
DSG et DTM
Sur le plan dynamique, la TT avait ses limites mais elle était si emblématique d'un point de vue du design qu'elle construisit sa carrière là-dessus. Même une tenue de route dangereuse dans certaines situations n'empêcha pas le succès de la nouvelle Audi, et le début de crise fut tué dans l'œuf moyennant l'adoption d'un petit spoiler de coffre et de l'ESP. Par ailleurs, la TT avait aussi innové, puisqu'elle fut la première Audi à recevoir la boîte auto à double-embrayage DSG, alors associée au moteur 6 cylindres 3.2 litres. Une combinaison qui nous laisse encore rêveurs quand nous y repensons… La TT marqua aussi le grand retour d'Audi en championnat DTM. Aujourd'hui, alors que nous en sommes à la troisième génération, la TT a certes un peu perdu de sa popularité, mais peut compter sur des fans fidèles. Et c'est pour eux qu'Audi a créé cette 20th Anniversary Edition, qui rend un hommage évident au concept roadster de 1995. Quant à ceux qui sont à la recherche d'une future classique, nous ne saurions trop leur conseiller de s'intéresser à l'Audi TT de première génération.
