Dans la vie d’un journaliste automobile, il y a toujours l’une ou l’autre rencontre qui reste à jamais gravée dans la mémoire. C’est un fait ! Et, c’est même encore plus vrai lorsque l’on organise un match juste pour le plaisir des yeux et des sens. Dès lors, lorsque Ford a dévoilé la dernière génération de Mustang cabriolet, il ne nous a pas fallu bien longtemps pour que l’on se mette en tête d’organiser une rencontre avec un exemplaire de la première génération. De plus, cinquante ans les séparant, nous étions certains que le voyage dans le temps serait spectaculaire.
Mythe préservé ?
Le jour J, en banlieue bruxelloise, sur l’une des pelouses d'une ancienne ferme-château magnifique, nous avions rendez-vous avec Alain, le propriétaire d’une Mustang rouge de 1965. En état concours, cet exemplaire a été déniché il y a environ dix ans dans un garage du Sud de la France. Véritable achat « coup de cœur », cette voiture est presque restée dans son jus, son propriétaire ne lui ayant offert qu’une peinture et un autre jeu de jantes.
A côté de cette légende sur roues, sa descendante spirituelle est loin de faire de la figuration ; difficile d’ailleurs avec une robe bleue « un rien électrisante » et un gabarit imposant. Cela dit, comme lors de notre face à face Jaguar E-Type et F-Type, nous avons vérifié si la filiation était bien légitime et non un pur concept marketing.
Esprit de famille
Après quelques longues minutes d’observation, il est impossible de remettre en doute que la dernière génération soit la descendante spirituelle du modèle de 1965. Car, même si la nouvelle Mustang semble vouloir ne faire qu’une bouchée de son aïeule, il y a des éléments design qui ne trompent pas. Ainsi, on remarque que Ford a notamment reconduit la calandre imposante et le long capot évidemment, mais aussi les flancs sculptés et les feux arrière aux lamelles verticales.
A bord, si la nouvelle Mustang se révèle moins habitable que la version originelle (la faute à des sièges avant beaucoup trop massifs), elle s’offre toutefois une planche de bord dont les lignes s’inspirent de celles de son aînée. La comparaison s’arrête là ! Car, les chromes, la finesse de la ligne d’ensemble et les finitions intérieures si délicates ont disparu avec le temps. Le prix de la modernité ? Affirmatif ! Aujourd’hui, on peut d’ailleurs comparer la mouture de 1965 à une danseuse de ballet et celle de 2016 à un quarterback, celui qui se lance à l’offensive lors d’un match de foot US. Fort heureusement, la danseuse et le quaterback ont conservé leur cœur, à savoir un bon gros V8 qui ronronne comme un vieux matou sûr de lui.
Big Block
Sous le capot de la Mustang de 1965, c’est le V8 « 289 Cubic Inches » qui officie, un moteur de 4,7 litres fort d’environ 275 chevaux et qui, d’après son propriétaire, consomme 20 l/100 km lorsque l’on a le pied droit un peu lourd. Le millésime 2016, quant à lui, dispose d’un V8 de 5 litres de 421 ch et 530 Nm). Dès lors, dans un cas comme dans l’autre, si l’on a toujours une puissance suffisante pour propulser ces cabriolets, le retour de sensations est bien différent. En effet, si la petite dernière est une voiture moderne se révélant facile d’accès (à condition de ne pas débrancher les aides à la conduite), son aînée demande plus de doigté. Sa direction est moins consistante et ses freins nécessitent de toujours anticiper. Cela dit, lorsque le V8 gronde en continu, il offre à l’aînée l’impression de conduire un Riva et à la plus jeune, un hors-bord de compétition. Car cheveux au vent, il y a une sacrée différence entre une brise fouettant les visages et l’impression d’essuyer des bourrasques à chaque accélération. Est-ce cela un sentiment de liberté évoluant au fil du temps ? Peut-être bien...