Reportage: Auto-partage

Qu’est-ce que l’auto-partage? C’est la possibilité de louer une voiture «à la carte» 24h sur 24, 7 jours sur 7, au dernier moment et même pour un quart d’heure via un système d’abonnement et de location relativement classique. La réservation se fait par téléphone, internet ou encore par SMS. On récupère la clef seul, sans s’adresser à un agent intermédiaire derrière un guichet, grâce à une carte magnétique. Le parking ou l’emplacement de la voiture est souvent situé à moins de cinq minutes à pied de chez soi. Seule contrainte, il faut ramener le véhicule à son point de départ. La voiture en libre-service est un moyen de transport pratique pour les urbains sans voiture qui veulent transporter un meuble ou aller voir des amis en banlieue, par exemple.

Alternative au véhicule individuel, complément aux transports en commun et au taxi, l’auto-partage demeure pourtant largement inconnu, surtout des Français. Pire, le concept est souvent confondu avec celui de covoiturage (voir notre article). Rien n’y fait, l’objet ni la pratique ne sont entrés dans la culture de la mobilité et souffrent donc d’un manque de «visibilité».

Pourtant les «mots» ne manquent pas pour désigner la «chose»: auto-partage, voiture en temps partagé, voiture en libre-service, transport public individuel, voiture partagée, voiture en commun, multi-voiturage, voire cars clubs ou même car sharing dans les pays anglo-saxons.

Des pays comme l’Autriche, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse restent largement en pointe dans ce domaine qu’ils ont défriché les premiers et dans lequel ils conservent une très grande avance. De nombreuses villes allemandes disposent aujourd’hui de services d’auto-partage éprouvés. Des villes comme Brême ont engagé des actions de communication lourdes et répétées pour que ce mode de transport prenne toute sa place parmi les autres.

Le Royaume-Uni a entrepris un certain nombre d’actions destinées à rattraper son retard en la matière. L’association Carplus a créé un réseau national d’auto-partage, intégré aux autres modes de transport et accessible à tous. Le service est offert par 42 opérateurs différents dans 37 villes, avec 29 000 membres et 1200 véhicules. A Londres, on compte désormais au moins 5 opérateurs d’auto-partage. L’agglomération de Londres s’équipe de façon coordonnée en s’appuyant sur une organisation créée à cet effet : le «London City-Car-Club » a entrepris la mise en place d’un réseau dans la capitale à partir d’un consortium initialement créé par sept boroughs (ou « communes ») de Londres. L’initiative a bénéficié de la participation financière de « Transport for London».Le City Car Club dispose aujourd’hui de plus de 40 stations réparties sur 9 boroughs. Parmi ses actions en faveur de l’auto-partage, Carplus publie une lettre d’information, des documents de sensibilisation et organise une conférence annuelle.

Carplus a mesuré l’impact du service sur les habitudes de mobilité. D’après cette étude, chaque véhicule en auto-partage remplace 6 véhicules privés. Après adhésion, les usagers réduisent en moyenne de 50%, les kilomètres parcourus. De plus en 2005, 45% des véhicules privés qui ont été remplacés par l’auto-partage avaient plus de 10 ans.

En Belgique, c’est la société Cambio qui assure la cohérence entre les opérations engagées avec de plus en plus de succès sur le territoire belge.

La France, quant à elle, accuse un retard certain, même si les initiatives se multiplient. Le pionnier en la matière s’appelle Caisse commune qui développe depuis 1999 l'auto-partage dans la ville de Paris. Aujourd’hui Caisse Commune exploite un réseau de plus de 40 stations (50 en 2009) et plus de 100 véhicules (y compris quelques Toyota Prius) mis à la disposition de plus 2000 adhérents.

Fondée en avril 2007, l’entreprise Mobizen, filiale de Veolia, se développe aussi rapidement et compte plus de 1500 clients séduits par la simplicité de la voiture à la carte. La flotte Mobizen est constituée de Mercedes classe A, qui ont intégré des petits plus : des rehausseurs pour les enfants, la possibilité de câbler son MP3 sur l’autoradio ou de téléphoner avec le kit main libre de la voiture via Bluetooth. Okigo, filiale du groupement Vincipark-Avis, affiche aussi des ambitions semblables.

L’auto-partage devrait pouvoir apporter des avantages certains au problème du transport, surtout dans les grandes villes asphyxiées par les embouteillages comme Paris ou Londres. Mais, pour l’heure, le problème demeure celui de l’ignorance même du conceptdans le grand public! En France, une campagne de sensibilisation serait la bienvenue…

L’exemple de Caisse Commune

Caisse Commune fut créée à la suite du premier grand pic de pollution, très médiatisé, de 1997 qui avait entraîné une prise de conscience écologique dans le public. Le destin de cette société illustre bien le nouveau statut de l’auto-partage, du moins en France, qui est passé d’une démarche écologique à celle d’une forme de mobilité complémentaire des autres formes de transport. En témoigne l’intégration de cette société en juillet 2008 à Transdev, opérateur de transport public de voyageurs, filiale de la Caisse des dépôts, présent en France et à l'international. Selon son directeur Alain Léger, «aujourd’hui, la société se développe selon une logique de services avec des critères de potentiel et de proximité». On ne parle plus «d’adhérent» mais de client. Caisse Commune propose néanmoins un parc de voitures différent, qui comprend notamment le Renault Kangoo pour aller chercher son meuble à… Ikea!

Pour aller plus loin

Paris

Caisse commune: www.caisse-commune.com/

Mobizen : http://mobizen.fr

Belgique

Cambio: www.cambiocar.com/cambio/carsharing/fr/2/index.html

Royaume-Uni

http://www.carplus.org.uk/

www.londoncarclubs.net

Auto-partage en province

Caisse Commune multiplie les partenariats en province afin de permettre à ses adhérents de profiter de la souplesse de l’auto-partage en voyage.

Voici quelques contacts: