Marchionne n'était pas particulièrement aimé des milieux de passionnés. C'est lui qui avait "débranché" Lancia, a repoussé des années durant des investissements dans Alfa et Fiat, Fiat à propos de laquelle il avait même récemment déclaré qu'il ne lui voyait pour le moment pas de grand avenir. Tout cela avait évidemment suscité l'indignation des Tifosi, en Italie comme ailleurs.
Comptable
Il n'empêche que Marchionne mériterait largement d'avoir une place à son nom à Turin. Cet Italo-canadien (ou inversement) était un comptable austère placé en 2004 à la tête de Fiat par la dynastie Agnelli. Un job que personne ne lui enviait, puisque la marque enregistrait alors 1,4 milliards de dollars de pertes, et personne ne voulait d'elle. General Motors par exemple avait eu une option d'achat de Fiat, mais a préféré payer à Marchionne 2 milliards de dollar en guise de rupture de contrat, plutôt que de s'engager avec la marque. Ce fut le premier coup de génie de Marchionne.
Vers les bénéfices
Son second coup d'éclat remonte à la crise de 2008, qui causa la faillite de GM. Personne ne doutait alors que le même sort attendait Chrysler, qui ne restait à flot que grâce à l'injection d'argent du gouvernement américain. Marchionne parvint à convaincre les autorités américaines de céder toutes ses parts de Chrsler à Fiat, et ce gratuitement, contre la promesse italienne d'investissements futurs. Vu de l'extérieur, le deal ressemblait à un cul de jatte s'associant à un aveugle. Pourtant, 14 ans plus tard, il faut bien reconnaître que c'est Marchionne qui a renversé la situation et fait de FCA le septième groupe automobile mondial, qui non seulement enregistre deux milliards de dollars de bénéfice, mais surtout n'a pas la moindre dette. Il fut un temps où personne n'aurait misé un sou sur pareil scénario. Le fauteuil qu'occupait Marchionne chez Fiat revient aujourd'hui à Mike Manley, ex-boss de Jeep et Ram. Quant à ses fonctions chez Ferrari, elles sont reprises par John Elkann – petit-fils de Gianni Agnelli – et Louis Camilleri.
Ses phrases célèbres
Marchionne n'avait pas sa langue en poche. Voici cinq citations qui montrent quel genre d'homme il était:
- -"Y aura-t-il un jour une Ferrari autonome? Il faudra d'abord me flinguer."
- -"Surtout, n'achetez pas notre Fiat 500e électrique. Chaque fois que nous en vendons une, nous perdons 14.000 dollars."
- -"Vous êtes dingue?" (écrit par Marchionne dans un mail à un porte-parole de Fiat, qui avait écrit noir sur blanc qu'il n'y avait aucun programme tricheur dans les moteurs de FCA
- -"Nous pourrions faire exactement la même chose que Tesla. Mais je ne suis pas sûr qu'au bout du compte, nous récupérerions notre investissement."
- -"Si une marque n'est pas capable de se distinguer, elle sera en situation de lutter pour sa survie dans les dix années à venir."