Avec la Laguna Coupé, Renault prend donc aujourd’hui un nouveau départ et promet plus de plaisir pour moins de carrosserie. Les spécialistes du marketing se plaisent à décrire en quelques qualificatifs le public cible de leur produit: jeunes, dynamiques et brillants. D’autant plus lorsque le produit en question est un nouveau coupé. Il est tout à fait secondaire que la réalité soit souvent différente, pourvu que les spots télévisés mettent en scène de belles personnes dans d’encore plus belles carrosseries.
Dans la fleur de l’âge
À cet égard, le discours de Renault sur les acheteurs potentiels de la nouvelle Laguna Coupé paraîtrait presque révolutionnaire en soi. La deux places n’est en effet pas destinée aux célibataires de 30 à 40 ans, mais bien aux cadres supérieurs et aux indépendants de plus de 50 ans, « dont les enfants n’habitent plus sous le toit familial et qui recherchent un véhicule qui incarne leur personnalité ».
Mais quel type de personnalité la Laguna Coupé incarne-t-elle ? Au premier abord, la Laguna n’évoque pas vraiment une existence trépidante - plutôt une classe moyenne tranquille. Mais avec la Coupé, Renault instille bel et bien une bonne dose d’émotion dans la série.
Plus d’émotion
Ainsi, la Laguna deux portes rappelle sans conteste les bolides d’Aston Martin, ce qui ne doit certainement rien au hasard. Les larges feux arrière plats et le hayon du coffre façonné dans un renflement audacieux, en particulier, semblent inspirés du maître britannique de la construction de belles sportives. En matière d’émotion, les Français n’auraient d’ailleurs pu se choisir un meilleur modèle.
Un regard sur la proue du coupé suffit à dissiper les derniers doutes: ici aussi, les designers ont eu leur mot à dire. La calandre- également dans un style très ‘Aston Martin’ - s’étire à travers toute la largeur du véhicule comme une bouche de requin démesurée. En option, une lèvre dessine un sourire encore plus sportif sur le visage de la Laguna. L’on aurait par contre pu se passer du diffuseur arrière inclus dans le kit « sport », ou en tout cas, de son imitation en plastique.
Une qualité éprouvée
À l’intérieur, la créativité s’estompe quelque peu. Repris de la berline et du break, l’habitacle est connu, mais il a démontré son potentiel de séduction dans ces versions par son esthétique élégante et sa qualité supérieure. L’on s’installe de préférence sur les sièges confortables des places avant, tandis que la banquette arrière, malgré ses dimensions pratiquement identiques, reste réservée aux enfants en bas âge, ou mieux encore, aux bagages.
De grandes valises peuvent être rangées dans la malle d’une capacité de 423 litres, mais elles doivent être hissées par-dessus un seuil de chargement élevé, puis manœuvrées dans une ouverture de chargement relativement étroite. L’on apprécie donc tout spécialement l’aspect pratique du mécanisme de rabattement. L’espace de chargement comprend à droite et à gauche une petite manette, qu’il suffit de tirer pour que le dossier arrière partagé dans un rapport 2/3 bascule vers l’avant et dégage une surface de chargement plane.
Démarrage sur les chapeaux de roue
Assez parlé toutefois de chargement, la fonctionnalité n’a finalement qu’une importance toute relative dans un coupé. Au premier plan figurent plutôt le plaisir de conduite et la dynamique, et les concepteurs ont précisément mis l’accent sur ces aspects. La gamme de la Laguna Coupé démarre donc à un minimum de 150 CV pour le diesel, et du côté de l’essence, le choix d’entrée de gamme est encore 20 CV plus puissant.
Trois moteurs sont proposés de part et d’autre: pour l’essence, deux moteurs quatre cylindres de 170 et 204 CV se côtoient, complétés par un V6 de 238 CV en haut de la gamme. Pour le diesel, un quatre cylindres, une fois encore de deux litres, se classe au-dessus du moteur de base avec 178 CV, et la gamme culmine également avec un six cylindres, qui développe 235 CV.
Les acheteurs peuvent uniquement exercer une influence sur la transmission pour le plus petit diesel, pour lequel un choix leur est donné entre une boîte manuelle à six rapports ou une boîte automatique à six rapports. Le modèle essence d’entrée de gamme, ainsi que les deux déclinaisons de pointe, sont toujours associés à une transmission automatique, tandis que le maître-achat du milieu de gamme est exclusivement combiné à une transmission manuelle.
Comportement raffiné
Dans un premier temps, seuls les deux six cylindres nous ont été confiés pour un essai, et bien entendu, ils ne manquent pas de puissance- il ne saurait en être autrement pour des motorisations de pointe. Les deux modèles partagent le point commun d’un comportement extrêmement raffiné et de leur discrétion sur le plan acoustique. Alors que l’essence marque des points pour sa promptitude sportive à monter dans les tours, le diesel séduit par un couple substantiel dans les bas régimes, transmettant ses 450 newtons-mètres au train avant dès 1500 tours.
Tous deux se hissent à 100 km/h en à peine plus de sept secondes et atteignent au maximum 240 km/h. La différence est surtout perceptible à la pompe : le diesel nécessite quelque huit litres (7,2 litres d’après le constructeur), et les dix litres annoncés pour l’essence peuvent en revanche difficilement être respectés, la consommation oscillant plutôt entre douze et treize litres. L’écart se chiffre donc à quatre à cinq litres aux 100 kilomètres au détriment du portefeuille et de l’environnement.
Direction générale
Excepté les deux moteurs d’entrée de gamme, qui sont uniquement livrés dans les équipements Coupé et Dynamique, toutes les Laguna Coupé se conjuguent dans les lignes GT et Initiale de rang supérieur. En marge d’un équipement de série encore plus complet, celle-ci peut se targuer d’un raffinement particulier avec la direction intégrale « 4Control », qui a déjà fait ses preuves dans la berline et le break.
La combinaison du six cylindres et de la direction sur l’essieu arrière que nous avons essayée a révélé une conduite extrêmement dynamique dans le coupé. Les roues arrière qui participent à la direction réduisent les forces centrifuges et assurent un meilleur respect encore de la trajectoire. La Laguna file comme sur un rail dans les courbes négociées à une allure soutenue et n’accuse une tendance au sous-virage qu’à un stade tardif. La direction intégrale favorise donc surtout la sécurité, et pas seulement le plaisir de conduite.
Boîte automatique poussive
Le plaisir de conduite est en revanche terni par la transmission automatique à six rapports de série (cf. plus haut), qui entrave quelque peu les deux six cylindres dans leur tempérament et réduit à néant une partie de leur impulsion. Le mécanisme requiert tout simplement trop de temps pour trouver le rapport approprié. Une commande manuelle serait mieux assortie au potentiel sportif de la Laguna Coupé, même si la lenteur de l’automatique ne dérangera probablement pas les adeptes des longs trajets nonchalants.
Le châssis constitue quant à lui un bon compromis entre un glissement tranquille et un pilotage plus leste. Bien qu’elle soit garnie en série de roues de 18 pouces (17 pouces dans le modèle de base), la GT aplanit comme par enchantement les irrégularités de la route, et le coupé atteste d’un ajustement suffisamment rigide pour se prêter à une conduite sportive. Renault a renoncé à un châssis adaptatif, mais il n’est pas nécessaire!
La Laguna Coupé n’a toutefois pas à rougir de son équipement de série dans l’intervalle. Les deux modèles d’entrée de gamme comprennent en effet la climatisation automatique, un détecteur de luminosité et de pluie, une aide au stationnement, des projecteurs bi-xénon, un régulateur de vitesse et un frein de stationnement électrique. De plus, dans tous les autres modèles s’ajoutent la sellerie en cuir, les sièges chauffants, un système de démarrage sans clé, des rétroviseurs extérieurs rabattables électriquement et des jantes en aluminium de 18 pouces.
Le plus petit diesel offre à ce jour la possibilité de parader en Laguna Coupé aux conditions les plus avantageuses. À 32.900 euros, il coûte précisément 1.000 euros de plus que l’essence de base, qui est cependant équipée de la transmission automatique. Les deux six cylindres occupent l’extrémité opposée de la liste de prix, à 45.050 euros pour le moteur essence et 41.750 euros pour le moteur à allumage spontané.
En bref
Avec la Laguna Coupé, Renault s’efforce aujourd’hui de reproduire la réussite engrangée par VW avec la Passat CC, à savoir conférer une dimension émotionnelle supplémentaire à la catégorie moyenne. La deux portes racée présente une ligne sportive, elle emprunte ici et là quelques éléments de design à Aston Martin, et grâce au dossier rabattable des sièges arrière, elle est suffisamment fonctionnelle. Les deux moteurs six cylindres mettent du cœur à l’ouvrage, mais sont handicapés par la boîte automatique, qui ne peut malheureusement pas être refusée. Le reste de l’équipement de série est néanmoins exemplaire.
Renault a imparti à la Laguna la mission de concurrencer la Peugeot 407 Coupé, la VW Passat CC et l’Audi A5. L’on peut douter que la Française arrive à la cheville du coupé presque parfait d’Ingolstadt, mais pour se distinguer dans la masse, la classification dans une niche étroite constitue une stratégie de premier choix.