Avant l'été, à la présentation de la McLaren 570GT, le constructeur nous avait réservé une "petite" surprise: quelques autres modèles de la gamme à essayer, histoire d'occuper les temps morts. Parmi ces modèles, la 675 LT. J'ai hésité quelques secondes… à fracasser la tête de celui qui était avant moi sur la liste d'attente.
Long Tail
C'est en février 2015 que McLaren présente une nouvelle voiture, dérivée de la 650S. La 675 LT annonce, comme son nom l'indique, 675 ch (ok, des chevaux britanniques, c'est à peu près 10 de moins sur le continent) et le suffixe LT, pour Long Tail, raconte la partie arrière allongée de la voiture pour plus d'appui aérodynamique à hautes vitesses. Mais ces lettres racontent aussi un peu d'histoire automobile. Le Long Tail est en effet associé à des légendes de l'automobile et de la compétition. La première, à notre connaissance, à présenter ce type de poupe est la Porsche 907, en 1967. Avec la 917 Long Tail, ce sont les Porsche les plus adulées de l'histoire des 24 Heures du Mans.
Chez McLaren, le LT renvoie à la F1 GTR, version compétition de cette supercar parmi les plus légendaires, homologuée pour le championnat FIA-GT 1997. Il arrive que des noms prestigieux du passé soient galvaudés par des voitures modernes, mais il n'en est rien ici. Car il ne fait aucun doute que la 675 LT, comme son illustre aïeule, restera dans l'Histoire comme l'une des automobiles les plus exceptionnelles jamais produites. Dans 20 ans, les ventes aux enchères prestigieuses le prouveront. D'ailleurs aujourd'hui déjà, quand apparait l'un des 500 exemplaires de 675 LT, tous vendus en quelques semaines, ou des 500 exemplaires de sa version Spider (idem), il s'échange pour plus que les quelques 350.000€ demandés l'année dernière par McLaren.
Légère
Outre le fait de disposer de 75 ch de plus grâce au profond remaniement de certaines pièces mécaniques, la 675 LT est aussi à peu près 110 kg plus légère que la 650 S (soit 1.250 kg), car débarrassée de petits luxes comme les tapis ou les sièges en cuir, remplacés par des baquets en carbone habillés d'Alcantara. Elle dispose de freins carbone-céramique plus puissants et tous les softwares (moteur, boîte et châssis) ont été optimisés pour une réactivité encore plus immédiate. Enfin, la 675 LT est plus rigide que sa petite sœur.
Pourtant la première chose que l'on remarque sur les pavés "à l'ancienne" du parking, puis sur le macadam imparfait du village qui nous sépare de la montagne, c'est le confort, l'excellence du filtrage des suspensions hydrauliques, pas seulement meilleures qu'attendues sur une voiture de ce calibre, mais carrément parfaites, au point qu'on se voit bien au volant tous les jours. Oui, même sur les routes belges.
Fusion
Puis la voilà, la montagne. Là, on place tous les réglages en mode Sport (le mode Track, sans garde-fous, c'est pour le circuit), et on envoie. Au moindre coup de gaz, le V8 3.8 biturbo envoie tout, tout, tout ce qu'il a, et ses montées en régime sont fulgurantes. Elles me collent au siège comme jamais encore dans ma vie je n'ai été collé dans un siège, pas même dans un parc d'attractions. Tout cela est accompagné d'une sonorité d'échappement que, pour une fois, on ne décrira pas comme apocalyptique façon V8 AMG, ou rocailleux façon V8 américain, ou rageur façon Dieu sait quoi. Le son qui s'échappe de la McLaren, c'est le son de la compétition.
En sortie de virage, pas le temps de compter jusqu'à trois qu'on est déjà au virage suivant, 400 mètres plus loin. On tape dans les freins, ce qui rappelle cette étonnante particularité des freins carbone de McLaren: ils sont ultra efficaces et parfaitement dosables même à froid. On enchaîne les rapports vers le haut, puis vers le bas, gros freinage, on prend une courbe serrée à une vitesse à peine croyable, et ça recommence. Vous direz que c'est un exercice que nous répétons souvent dans notre métier, que vous avez lu ça des dizaines de fois. Pas faux. Mais ce qui m'a frappé avec la McLaren 675 LT, c'est la facilité avec laquelle on réalise cet exercice, à un tempo pourtant très supérieur à tout ceux que j'ai suivis jusque-là. La confiance dans laquelle vous met cette voiture est exceptionnelle. On ne fait qu'un avec elle. On fusionne avec elle. On est elle. Et chaque accélération, chaque freinage, chaque courbe négociée semble être un geste aussi naturel que marcher.
Ce sont probablement des sensations aussi fortes, même si d'une autre nature, qu'ont ressentit ceux qui ont conduit les McLaren F1, Ferrari F40, Lamborghini Miura, Porsche Carrera GT, Ford GT40 et toutes celles que j'oublie, qui sont aujourd'hui des divinités de l'automobile. La McLaren 675 LT en est une, elle-aussi. C'est un fait.
McLaren 675 LT |
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Moteur : V8 biturbo, 3.799cc |
675ch à 7.100tr/min |
700Nm de 5.500 à 6.500tr/min |
0 -100 km/h : 2,9 secondes |
Ponte : 326 km/h |
Conso : 8,5l/100km |
CO2 : 275g/km |
Prix : +/- 345.675 € Hors taxes |