Les constructeurs asiatiques présentent régulièrement de nouveaux véhicules en Europe. Les Japonais l'ont fait et continuent encore de nos jours avec Infiniti; les Coréens s'y sont mis également, c'est au tour maintenant du Chinois Brilliance.
L'Allemagne pour commencer
Brillance choisit l’Allemagne comme premier lieu d'exportation avec une logique simple que résume le PDG de sa filiale, Hartwig Hirtz : « Si nous réussissons ici, nous réussirons partout dans le monde ». Et il a raison. Jusqu'à présent, Brilliance produisait des véhicules exclusivement pour le marché intérieur chinois, où la qualité est perçue autrement qu'en Allemagne. Brilliance produit chaque année environ 300 000 voitures et réalise 130 000 ventes rien que pour la BS4. Elle est présente en Allemagne depuis le 25 Octobre 2008 dans les show-rooms.
Du point de vue des dimensions, elle mesure 4,70 mètres de long et se situe entre une Mercedes Classe C et une Audi A4. La qualité est bien inférieure à ses concurrentes allemandes, mais c'est une conséquence de son prix de base qui se situe aux alentours de 16.000 euros.
Qu'obtient-on à ce prix ?
D'aspect extérieur, elle semble réussie et pas du tout bas de gamme. C'était d'ailleurs le but du constructeur: « La Brilliance n'est pas une marque bon marché. ». C'est vrai, 16.000 euros, c'est déjà une belle somme en contrepartie de laquelle les clients sont en droit d'avoir quelques exigences. Ainsi, le design a été conçu en Italie par Pininfarina, qui a dessiné à la BS4 une robe de métal très chic aux proportions idéales avec une peinture métallisée de premier choix. Ce n'est pas sans une certaine fierté qu'Eberhard Niering, responsable du centre technique européen de Brilliance, raconte que la firme de Shenyang est dotée des meilleures machines allemandes et que beaucoup de fournisseurs européens contribuent avec leur pièces détachées à la construction de la BS4.
A l'intérieur, c'est un peu différent. La boîte à gants est de travers. Des yeux expérimentés remarqueront les pièces plastiques mal ébarbées. Quant à la qualité des matières utilisées pour le vide poche central, elle laisse un peu à désirer. En revanche, l'impression dégagée par le tableau de bord est bonne. Certes on n'est pas forcément exalté par l'ensemble, mais l'appréciation générale (contrairement à ce que certains pourraient supposer) n'est absolument pas mauvaise.
En outre, tout est bien structuré. Les boutons sont bien disposés et permettent de s'y retrouver facilement. Les instruments de bord sont suffisamment clairs pour ne laisser aucune question en suspens. D'accord, elle n'est pas équipée du dernier cri technologique. En effet, elle ne possède pas d'ordinateur de bord ni d'indicateur de température extérieure, sauf dans la version Deluxe. Le coffre, non modulaire, s'ouvre de l'intérieur en appuyant sur un bouton ou de l'extérieur en tournant la clé. L'ouverture en elle-même est trop petite mais sa capacité de chargement relativement grande avec 430 litres.
Pour les longs trajets, les sièges trop étroits et les dossiers peu ergonomiques qui ne maintiennent pas bien la colonne vertébrale, gênent un peu. En revanche, l'assise du siège conducteur s'ajuste à souhait et procure une bonne position derrière le volant réglable seulement en hauteur. Il y a suffisamment de place dans l'habitacle, à l'avant comme à l'arrière. Par contre, sa capacité maximale de charge n'est que de 360 kilos.
Un moteur Mitsubishi
Le moteur de base développe 100 chevaux pour 1,6 litre et est fabriqué par Mitsubishi. En démarrant le quatre cylindres, on ne remarque rien d'extraordinaire. Le moteur monte correctement jusqu'à 4 000 tours, seuil à partir duquel il ronfle un peu trop. Il dispose d'un couple de 134 Nm, qui rend le moteur de 136 chevaux superflu. Il existe également un 180 chevaux. Vous n'auriez de toute façon aucun plaisir de conduite, car le bruit ambiant du moteur et du vent est trop élevé.
Il vaut mieux rouler à la vitesse préconisée par le constructeur. Ainsi, on peut atteindre la consommation moyenne indiquée de 8 litres d’essence. A titre de comparaison, la Skoda Octavia (concurrente de la Brilliance au même titre que la Renault Megane, la Mazda 6 et la VW Passat), consomme un bon demi litre de moins pour 102 chevaux.
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La boîte de vitesse de la BS4 est agréable à manier. Le passage des rapports est précis et elle dispose de cinq vitesses. Lors du changement de vitesses, on entend un doux «clac». De plus, le passage d'une vitesse à l'autre est relativement court. Le rapport de démultiplication de l'embrayage pourrait par contre être un poil plus long, car à une vitesse de 120 km/h, le moteur tourne à plus de 3 000 tours.
Pas d'ESP
Après les résultats catastrophiques de la Brilliance BS6 au crash test N CAP l'année dernière, où la carrosserie s'est brisée en plusieurs endroits, les chinois devaient en tirer les conséquences. C'est ce qu'ils ont fait, selon les dires du PDG de Brilliance Allemagne. Environ 60 points de sécurité ont été modifiés sur la BS4, avant qu'elle ne puisse entrer en Europe. Ainsi armée, cette voiture devrait décrocher au moins trois étoiles au prochain Euro Crash Test. La concurrence en obtient souvent cinq !
Il est tout de même étrange que les chinois aient renoncé aux équipements standards européens tels que l'ASR, l'ESP, les Airbags pour la tête ou les genoux ou encore le signal sonore qui prévient quand on n'a pas mis sa ceinture. Selon Brilliance, ces adaptations ne pouvaient se faire dans la précipitation.
Un châssis solide
A part la direction, la BS4 est vraiment agile sans pour autant être inconfortable. Elle se conduit relativement bien et en tout cas, pas plus mal que beaucoup d'autres véhicules. Toutefois, il faut être vigilant dans les cas extrêmes. Les changements de rapports peuvent, en cas de forte accélération ou de fort freinage, faire chasser la voiture. Il faut alors vite contrebraquer, sans quoi gare au tête-à-queue ! Et l'ESP ne sera pas disponible avant 2011.
4 000 BS4, ce serait super!
Les distributeurs désirent livrer entre 2 400 et 4 000 véhicules en 2009 en Allemagne. Les prévisions de vente sont optimistes mais réalisables. Premièrement, la Brilliance est élégante. Deuxièmement, sa taille est relativement grande avec suffisamment de place à l'intérieur et un caractère de nouveauté. Troisièmement, elle n'est pas chère.
Elle n'est pas tout à fait donnée non plus avec ses 16.000 euros. Elle est certes équipée en série de l'ABS, de quatre airbags, d'une climatisation manuelle, d'une technologie radio ainsi que des rétroviseurs ajustables électriquement et de 4 lève-vitres électriques. Si vous voulez plus d'équipements comme les jantes en alu, le toit ouvrant, la climatisation automatique ou bien du cuir, il faudra choisir la version Deluxe pour 20.000 euros. A titre de comparaison, une Suzuki SX4 berline ou un break Chevrolet Nubira, que nous considérons plutôt comme des concurrentes, ne coûtent pas beaucoup plus cher à équipement identique. Mais la Suzuki est dotée de l'ESP, d'airbags pour la tête et de sièges chauffants, et la Chevrolet est un break bien pratique.
En Résumé
Il va être difficile de gagner des clients avec cette version de la BS4, car elle est loin de convaincre sur tous les sujets. Mais les Chinois apprennent et agissent très vite. Ainsi, une version break doit déjà faire son apparition début 2009 avec un moteur 1,8 litre turbo essence. Une version diesel suivra rapidement et un modèle hybride est prévu pour 2010. D'une manière générale, il faudra encore attendre quatre à cinq ans pour voir où en est arrivé Brilliance.
