Quand on écoute les ingénieurs de chez Michelin, on se demanderait presque pourquoi on n’y a pas pensé plus tôt. C’est qu’il y a beaucoup de place dans une roue! De quoi y loger le moteur et son système de traction, le frein et l’amortisseur. Un premier moteur électrique a donc pour fonction d’entraîner la roue. Au moment du freinage, il se met en résistance et peut du même coup recharger les batteries. Le freinage est en plus assuré par un système de frein à disque et étriers. Un deuxième moteur, toujours électrique est au cœur de la suspension active. Associé à un ressort, il est capable de détecter (et d’amortir) les bosses avec un temps de réponse bien plus rapide qu’un amortisseur classique.
Mais on comprend aussi que ce concentré de technologie ait pris plusieurs années de mise au point. Présenté pour la première fois en 2004, au challenge Bibendum, cette roue est pour la première fois adaptée à deux véhicules visibles au salon : La Will de Heuliez et la Volage de Venturi. En automobile, comme ailleurs, il y a parfois des seuils de technologie. Cette innovation a été rendue possible grâce à la miniaturisation des moteurs électriques.
De quoi repenser complètement la voiture
Avec un moteur central (thermique ou électrique), il y a forcément besoin d’un mécanisme de transmission entre la source d’énergie (le moteur) et le système d’entraînement (les roues). Grâce à l’Active Wheel, tout est intégré en un seul endroit. Plus besoin donc de cardan, d’arbre de transmission, ni de différentiel. Plus d’embrayage, ni de boite de vitesse, car le moteur est électrique. Plus besoin non plus de barres antiroulis: un système antiroulis et anti-tangage est piloté électroniquement, ainsi qu’un correcteur d’assiette dans le futur. Tout ceci permet aux designers et aux concepteurs de se libérer de bien des contraintes et de réaménager l’espace à l’intérieur comme à l’extérieur. En témoigne le design très novateur de la Venturi Volage qui se paye le luxe de larges ouvertures entre les deux roues arrière.
Au final le rapport poids/ puissance est excellent, chaque roue étant capable de produire une puissance de 50 kW. Equipé en deux ou quatre roues motrices, le véhicule peut donc afficher une puissance tout à fait crédible allant de 130 à 250 CV.
Le vrai point faible reste les batteries. Leur coût est quasiment prohibitif et leur poids augmente fâcheusement l’inertie. L’autonomie reste quant à elle limitée entre 200 et 400 kilomètres. Heuliez annonce que la Will, équipée de 2 Active Wheel à l’avant pourrait être commercialisée à 100 000 unités d’ici quelques années pour un prix supérieur à 20000 euros. A ce prix, l’entretien est certes réduit au minimum et le coût d’une recharge sans comparaison avec un plein de carburant. Mais les batteries sont annoncées pour une durée de vie qui ne dépasse guère quatre ans.
Venturi a quant à lui dévoilé la Volage au Mondial de l’auto, un concept électrique, équipé de quatre Active Wheel et de leur système de commande Michelin. Elle affiche une performance séduisante avec moins de 5 secondes pour atteindre les 100 km/h et une vitesse maximale de 150 km/h. Grâce à un pack batteries lithium-polymère de 45 kWh, Venturi annonce une autonomie de 320 km à la vitesse stabilisée de 90 km/h. Venturi fait part d’une commercialisation, mais ne précise ni le prix, ni la quantité.
Il faudra attendre probablement encore une dizaine d’années avant que le poids et le prix des batteries baissent de façon à donner à l’Active Wheel tout le potentiel de développement qu’elle mérite. A moins que d’ici 2020, Michelin ne propose une solution de production d’électricité par pile à combustible hydrogène. D’ici là, l’Active Wheel apportera probablement un certain nombre de solutions d’appoint sur des véhicules hybrides.
Infos Mondial de l’auto 2008 :
Stand Michelin : Hall 1, Allée D, Stand 511
Stand Venturi Volage : Hall 5/1, Stand 101
Stand Heuliez : Hall 1, Allée D, Stand 510