L'Aurelia B20GT "Outlaw" est une récente adaptation que l'on doit à l'entreprise britannique de restauration Thornley Kelham, dont l'idée avait été inspirée par un projet de restauration mené auparavant : le sauvetage de la célèbre B20GT de Bracco, disparue des radars depuis 1952.
Conduire et faire la course
La Bracco est la plus importantes des Lancia Aurelia B20GT, et l'une des plus importantes voitures de course de l'après-guerre, puisque c'est elle qui a jeté les bases de la réputation de Lancia dans le Grand Tourisme. Tout commence avec la participation de Bracco aux Mille Miglia 1951, une édition sur laquelle avaient sévi des pluies torrentielles. Cette météo était à l'avantage de Bracco qui, au volant d'une voiture de tourisme assez modeste, semblait voler vers une victoire à la plus fameuse course routière d'Italie. Ce ne fut finalement que sur les derniers kilomètres d'autoroute que la plus puissante Ferrari 340 de Villoresi reprit le dessus.
Après les Mille Miglia, Bracco avait repris le volant de sa B20GT Série 1 – payée de sa poche – pour se rendre aux 24 Heures du Mans en tant que spectateur. Et quand il s'avéra qu'il restait une place libre en catégorie 2 litres, il colla un numéro à ses portières et s'aligna au départ… pour finalement gagner dans sa catégorie. Et ses aventures étaient loin d'être finies. La même année, il participe à la Carrera Panamericana, au Mexique. Pour réduire les résistances aérodynamiques, Bracco fit couper les montants de toit et obtint ainsi une Aurelia un peu plus basse. Excellente initiative, puisque l'homme se dirigeait vers une nouvelle victoire, jusqu'à une sortie de route au 4ème jour de course. Après cela, la voiture resta au Mexique, où elle participa encore à l'épreuve en 1952, et termina à la 9ème place. Et puis… plus rien.
Bosse
Depuis, tous les amateurs de Lancia étaient à la recherche du châssis n°1010, sans succès. Pendant longtemps, on a cru que l'Aurelia Bracco était perdue pour de bon, jusqu'à ce qu'un Italien en retrouve la trace aux USA. La voiture fut rapatriée en Europe par container, avec l'Angleterre pour première escale. C'est là qu'elle fut inspectée par Simon Thornley de Thornley Kelham. Ce dernier constata que tous les numéros étaient corrects, et les trous sur le capot correspondaient bien à l'emplacement des sangles de fermeture. Un seul mystère demeurait : quelle était donc l'origine de la bosse qui va si bien à la légendaire B20GT ?
Bénédiction
Thornley Kelham se vit confier la tâche de sauver l'Aurelia B20GT, et de la restaurer dans sa configuration Carrera Panamericana. La partie arrière de la voiture s'avéra être un bricolage ingénieux : c'est une voiture non-identifiée qui avait "fait don" de sa poupe pour donner naissance à cette B20 bossue. Au moyen de scans 3D et de moules en polyester, Thornley Kelham parvint à reconstruire l'arrière de la voiture. Et ce n'est qu'après avoir reçu la bénédiction de différents experts Lancia qu'elle fut envoyée en cabine de peinture.
Au final, il aura fallu accumuler 4.000 heures de recherches et de restauration. Il ne restait pratiquement plus rien de l'intérieur mais grâce à quelques photos, l'équipe de restauration a pu déterminer que lorsqu'elle s'était présentée au départ de la Panamericana, la Bracco était équipée de sièges de Lancia Ardea.
Comme on le sait, cette restauration eut une suite inattendue : la B20GT Outlaw, construite par la suite par Thornley Kelham. Neuf exemplaires seront produits.