Depuis 2012, il est à l'œuvre chez Volvo, où il a d'emblée créé la surprise avec des concepts forts et aujourd'hui avec le nouveau XC 90. "Son habitacle est tellement novateur que nous avons dû rester plutôt conservateurs pour l'extérieur. Sans quoi c'aurait été trop pour nos clients." Nous avons rencontré Ingenlath durant le Salon de Paris, où le XC 90 a connu son baptême du feu. C'est le premier représentant d'une nouvelle génération de Volvo, et aussi le premier à utiliser le nouveau châssis maison. Beaucoup d'espoirs suédois – et chinois – reposent sur ce XC 90, qui remplace un modèle ayant vécu 12 longues années. Mais Ingenlath semble détendu et confiant: le sort en est jeté, c'est maintenant au Monde de plébisciter (ou non) sa vision de Volvo.
Vos Concepts Cars ont marqué une rupture de style radicale avec les Volvo telles que nous les connaissons, mais le XC 90 semble être moins dans cette veine. Comment l'expliquez-vous?
Thomas Ingenlath: "Il n'y a aucune contradiction. Mais il ne faut pas oublier que le XC 90 est notre vaisseau amiral. C'est le plus imposant et le plus statutaire de nos véhicules, sont l'héritage est assez fort. Pour Volvo, c'est une icône. Je pense que c'aurait été une erreur que de tout balayer. Nous tenions aussi à nous raccrocher aux valeurs positives qu'il a créées au sein de la marque. Mais il n'empêche que les changements sont nombreux. Voyez comme la cabine a fait un bond en avant."
Le XC 90 est l'une des rares voitures qui donnent au client le sentiment qu'il peut tout faire. Quelle est l'importance de cet aspect dans l'ADN du nouveau XC 90?
"Je pense que vous venez de décrire parfaitement la spécificité du XC 90 sur le marché. Il a du prestige, mais est aussi capable de répondre aux moindres demandes du quotidien. Vous pouvez partir seul au volant, ou en famille et il y a encore de la place pour Papy et Mammy. Et hop, vous voilà à 7 à bord. Ces capacités sont associées à un look qui est d'après moi plus séduisant que celui d'un monospace. Par contre, il ne faut pas lui prêter d'ambitions sportives. J'ai vu des images Photoshop fabriquées à partir des concepts cars, mais suivre cette voie aurait vraiment été une erreur. Quand on peut accueillir sept passagers et beaucoup de bagages, n'est-ce pas ça qu'il faut montrer? Si avec ça vous commencez à jouer avec des lignes sportives, le ridicule vous guette. Une voiture comme celle-ci doit juste faire savoir ce qu'elle veut être, un SUV statutaire comme peut l'être le Range Rover. Le XC 90 n'est pas le genre de véhicule qui tente de faire oublier ses dimensions sous une ligne de toit sportive."
Le design intérieur semble avoir été de l'avant bien plus que le design extérieur. Un choix conscient?
"L'habitacle est selon nous le reflet de ce que le public attend du design scandinave. Tout dans la voiture tourne maintenant autour de l'écran tactile. Et nous avons fait en sorte que cette technologie soit plus "digeste" que jamais pour le client. Le XC 90, c'est notre haut de gamme et il s'adresse donc à une clientèle plus mature. C'est pour cela que chaque avancée doit être prudente. Révolutionner à la fois l'extérieur et l'intérieur aurait probablement été un choc trop grand pour notre clientèle. Les proportions extérieures que nous avons amenées avec notre nouvelle plateforme restent classiques, je dirais que c'est du conservatisme positif. A l'inverse, l'habitacle van jeter des ponts entre les nouvelles technologies et les clients. Nous avons voulu créer une atmosphère réconfortante dans laquelle ils pourront trouver leur place parmi la foule de nouveaux jouets techno. Il était important de n'effrayer personne."
Allez-vous prendre plus de risques pour les modèles plus compacts? Que va apporter Volvo dans le segment de la Golf par exemple, réputé conservateur?
"Nous allons partir du haut, et descendre. Nous partons du XC 90, puis nous intéresser aux segments inférieurs. Mais le but n'est pas de transcrire son design vers les échelons inférieurs, jusqu'à la V40. Dans certains segments, nous devrons en effet trouver une identité très personnelle. Ca va être un beau défi."
Pas de mini XC 90 dans le segment des SUV compacts, donc?
"Si vous voulez un petit XC 90, vous en trouverez dans les magasins de jouets (rire). Désormais, nous allons plutôt travailler par groupes de véhicules, avec d'un côté les XC 90 et S 90, d'autre part les XC 60 et S 60. Vous découvrez aujourd'hui un nouveau modèle mais dans les trois ans à venir, vous pouvez vous attendre à une nouvelle génération de Volvo, qui mettra en évidence les expressivités divergentes de nos différents modèles."
Volvo va donc continuer à évoluer entre les marques Premium et les non-Prémium?
"Non, nous allons indubitablement vers le Premium. Nous tenons à devenir une vraie alternative dans la catégorie. Il y a déjà dans le Premium tant de marques focalisées sur les prestations et la technologie que nous voyons une place pour une marque qui met la personne et le bien-être à bord au centre de ses préoccupations. Ce sont nos bonnes vieilles valeurs, et nous constatons de plus en plus qu'elles seront nos grands atouts dans le futur. C'est vraiment quelque chose de précieux pour notre marque."
Les gens demandent souvent quand Volvo va enfin produire le Coupé…
"On me le demande très souvent aussi (rire). Cet enthousiasme me ravi, mais je suis sûr qu'ils retrouveront une grande partie de cette émotion avec les voitures qui s'annoncent. Je ne dis pas que nous ne le produirons jamais, mais je pense que d'ici deux ans, la question se posera moins parce que nombre des caractéristiques du Coupé se retrouveront sur nos voitures de production."
Pour vous, quelle est la plus belle Volvo?
"Ca, c'est une question très difficile (il rit, puis reste longtemps silencieux). C'est quelque chose d'amusant, avec Volvo: nous sommes une toute petite marque, mais tout le monde semble avoir un avis sur ce à quoi devrait ressembler la Volvo idéale. Et j'entends déjà les commentaires sur mon choix. En fait, je choisirais personnellement la P1800, mais simplifiée à l'extrême: sans pare-chocs, avec des jantes en tôle et non restaurée. Si vous avez ça, je prends."