25 ans plus tard, il se souvient avec nous de la façon dont il a surmonté son handicap. Mick Doohan, ce ne sont pas que cinq couronnes mondiales dans la catégorie reine de la moto, mais surtout cinq couronnes… consécutives, décrochées entre 1994 et 1998. Pour tous les amateurs de sports mécaniques, Mick Doohan, c'est le Top du Top. Mais bien avant que commence sa mainmise sur les titres mondiaux, sa carrière a failli tourner court. Un crash sur le circuit TT de Assen (Pays-Bas) l'a presqu'empêché à tout jamais de remonter sur une moto.
Gangrène
Doohan est pour toujours associé à la Honda NSR, la moto qu'il a dompté au cours de presque toute sa carrière. Mais en ce jour funeste de 1992, sur le TT de Assen, la NSR a sauté au mauvais moment. Doohan est passé par-dessus son guidon et a glissé sur l'asphalte. En même temps, sa jambe a été coincée sous la moto. Et ce n'est qu'un peu plus tard que la gravité des blessures est apparue, lorsqu'on a pu voir des images des jambes de Doohan cousues l'une à l'autre. Une opération nécessaire pour éviter que ses membres brisés ne soient gagnés par la gangrène. Sa carrière n'était pas la seule en jeu. Sa survie aussi. C'est à ce moment-là qu'il est devenu clair pour tout le monde que le retour de Doohan au sommet n'allait pas de soi.
Plus de pied pour freiner
Puis un miracle survint, miracle sur lequel certains débattent encore aujourd'hui. Une fois Doohan remis sur pieds, lui et Honda ont cherché des solutions. "Après l'accident d'Assen, je n'avais plus aucune mobilité de la cheville droite. Je ne pouvais donc plus utiliser le frein arrière de la moto." L'homme du Queensland australien, qui fête cette année ses 51 ans, poursuit son récit sans une once de drame : "Alors j'ai eu l'idée d'actionner ce frein avec mon pouce. D'abord, j'avais pensé utiliser un petit levier supplémentaire qu'on a installé sur le guidon, juste au-dessus de la poignée d'embrayage. Mais l'exercice s'est finalement avéré bien plus compliqué que ce que je pensais. A l'époque, on ne parlait pas encore de systèmes de contrôle de trajectoires donc pour ralentir la moto sans danger, il fallait forcément rétrograder donc utiliser l'embrayage. On pilote toujours avec un doigt sur l'embrayage de manière à pouvoir l'agripper rapidement si la roue arrière bloque subitement ou si elle glisse trop. Ajoutez un levier là-dessus, c'était clairement trop. D'autant que dans le feu de l'action, il y a un risque de se tromper de manette. En course, on n'a pas de temps à perdre à réfléchir à quel doigt actionne le frein."
Retour sur le podium
"Alors j'ai pensé aux Jet ski et aux quads, sur lesquels on actionne les gaz avec le pouce. Avec un système similaire, je pourrais utiliser n'importe quel doigt pour freiner. Tout bien réfléchi, ça m'a donc semblé être une meilleure solution qu'une poignée supplémentaire. Bref, après une nouvelle course difficile, je suis rentré aux stands avec LA solution à mon problème. Les ingénieurs ont travaillé très vite et ont réussi à me préparer un système fonctionnel pour la course suivante. Et ça m'a permis de monter à nouveau sur le podium."
Ce podium n'était qu'un début. L'étoile de Doohan n'a ensuite pas cessé de briller. Avec cette Honda faite spécialement pour lui, il a empoché cinq titres mondiaux consécutifs, une performance seulement égalée par Giacomo Agostino et Valentino Rossi.
Nouveau talent
"Rossi est là depuis un moment déjà, et je suis abasourdi par le fait qu'il trouve encore l'énergie et la motivation pour continuer à se battre pour le titre. Je trouve ça fantastique à voir." Doohan prononce ces mots avec une admiration évidente. "Actuellement, ceux qui se distinguent sont Rossi, Jorge Lorenzo et Marc Marquez. Ils sont vraiment au