Pourquoi n'y a-t-il pas chez Seat de vraie voiture de sport, du style Mazda MX-5?
A.M.: "Il est clair que pour nous, ce serait fantastique. Mais je ne vois en ce moment aucune place dans la gamme. Nous devons d'abord consolider nos piliers, León et Ibiza. Ce sont les voitures avec lesquelles nous touchons une vaste clientèle. Mais si un tel projet devait se présenter dans le futur, je m'y consacrerais volontiers. Pour le moment en tout cas, ce n'est pas une priorité."
Est-ce que Seat a assez d'espace pour être elle-même au sein d'un groupe où la concurrence interne est importante, avec Skoda et VW?
A.M.: "Je pense, oui. Chaque marque a ses propres valeurs, même si elles sont toutes présentes en sport automobile. Mais nous sommes tous à des niveaux de compétition différents. Certes Skoda renforce son côté dynamique et sportif, mais son fonds de commerce reste le rapport qualité prix et les aspects pratiques. Chez nous, le design sera toujours en haut de la liste des priorités. Les aspects pratiques viennent ensuite. Avec la León ST, je pense que nous avons un véhicule qui a du caractère, mais aussi un sens pratique certain, avec par exemple un coffre énorme au seuil de chargement très bas. Elle prouve qu'on peut associer un coffre pratique à un tempérament sportif. D'après nous, on ne doit pas choisir l'un ou l'autre."
Un design extraverti, ce n'est pas exactement votre truc.
A.M.: "Non, en effet. Moi j'aime les dessins épurés. Nous avons à cœur depuis un moment dans mon studio de nous débarrasser des lignes superflues. Les lignes horizontales Tornado actuelles procurent une tension maximale. Pensez à un arc juste avant qu'il propulse la flèche. Tension maximale. C'est ce que nous voulons créer. Et nous avons déjà à l'esprit les façon de faire évoluer la chose."
Quel regard portez-vous sur l'Exeo?
A.M.: "La production vient d'être arrêtée mais elle a fait du bon travail. Cette voiture était pour nous une opportunité de marché. Elle a comblé un trou dans notre gamme. Mais aujourd'hui nous devons tourner la page et chercher une alternative. C'est ce que nous faisons en ce moment."
Par alternative vous voulez dire pas forcément une berline classique?
A.M.: "Pas forcément, non. En ce moment, nous observons surtout ce qu'il se passe sur le marché et où vont les clients des berlines classiques. Nous explorons les possibilités."
En effet, si on n'a pas une A4 ou une Série 3 au catalogue, on hésite à lancer une berline classique sur le marché.
A.M.: "C'est un segment difficile. Les gens veulent de l'émotion, une image qui se reflète au travers d'une voiture sportive. Aujourd'hui, les SUV et apparentés récupèrent la popularité perdue par les berlines. Les marques françaises par exemple ont du mal à gérer cette tendance."
Qu'est-ce qui, d'après vous, convaincrait vos clients potentiels?
A.M.: "Une berline serait évidemment une approche classique. Mais un SUV ou un crossover font partie des pistes que nous envisageons. Il n'y a pas des dizaines d'options, en fait."
Un break classique?
A.M.: "Nous en avons un avec la León ST. Plus haut de gamme? Je ne suis pas sûr que ce soit notre place. La León ST est plus spacieuse que l'Exeo et pour nous, c'est déjà une excellente arme."
