Un peu plus qu'un simple pneu. Dans une course comme les 24 Heures du Mans, le but est de tourner le plus longtemps possible sans interruption. Il faut que la tenue de route reste irréprochable des heures durant, le rôle du pneu est donc crucial. Si l'on en croit les statistiques du nouveau Michelin Pilot Super Sport, c'est bien là qu'est mis l'accent: Michelin annonce que le pneu peut parcourir 10% de kilomètres en plus et, avis aux habitués de Track Days, jusqu'à 50% de tours de circuit en plus sans que les performances s'en ressentent. Sur un circuit comme le Bugatti du Mans, le temps au tour chute par ailleurs de quelques 2,5 secondes.
Powerboat?
Nous avons pu nous en rendre compte nous-mêmes sur le circuit de Zandvoort aux Pays-Bas, au volant d'une BMW M5. Détail non négligeable: la météo était ce jour-là d'un genre auquel nous sommes habitués dans le Nord: humide. Les robinets du ciel étaient restés ouverts toute la nuit et le sol était parfaitement détrempé. La recommandation fut donc de faire connaissance avec la voiture sur la route avant d'attaquer les choses sérieuses. Durant le parcours sur le réseau routier, les pneus laissent déjà une bonne impression. Etape suivante: drifter sur une piste arrosée exprès (comme si elle ne l'était déjà pas assez…) avec pas moins de 680 Nm sous le pied. Impossible sans changer la M5 en Powerboat, pensez-vous. Détrompez-vous, car en dépit de ses 1.845 kg, la M5 est particulièrement bien posée sur ses papattes. La voiture se manipule sans souci sur ce sol glissant et on ressent à peine sa masse importante.
Conduire à la pédale
Ici, c'est vraiment avec l'accélérateur qu'on contrôle la trajectoire. Bien que BMW ait renoncé pour la M5 au V10 atmo au profit d'un V8 4.4 double turbo, la différence est à peine perceptible. Temps de réponse du turbo? Pas de trace, au contraire. La réponse aux sollicitations du pied droit est quasi immédiate, si bien que la poupe de la voiture peut décrocher avec la promptitude d'un fauve fondant sur sa proie. Il y a donc tout intérêt à ce que le conducteur soit impliqué, d'autant que le parcours laisse peu de place à l'erreur. Les cônes qui le délimitent sont si proches les uns des autres que le temps d'inspirer puis d'expirer, on a déjà balancé trois fois la voiture d'un côté à l'autre.
Le test ultime
Pour conclure la journée, il nous restait à exécuter quelques tours lancés du circuit de Zandvoort. Après un briefing rapide durant lequel l'instructeur attire notre attention sur les ruisseaux de pluie traversant la piste, il est vraiment temps de voir ce que ces pneus ont dans le ventre. Le circuit est toujours détrempé, le pied au plancher semble donc de prime abord ne pas faire partie des options. Quoique…
C'est parti, nous allons explorer les limites du grip. Et ces limites sont incroyablement éloignées puisque la M5 semble collée à l'asphalte de Zandvoort. Tour après tour, le tempo augmente et s'il fallait trouver un surnom à cette voiture, ce serait "le Grand 8 roulant". Et là encore, le caractère joueur de la M5 revient à la surface et nous la guidons tour à tour avec le volant… ou la pédale des gaz. Depuis cette expérience, rouler sur la pluie a pris une tout autre dimension.