La branche "voitures de sport" était la pièce du puzzle qui manquait pour permettre à Ron Dennis de vraiment amener McLaren au niveau de Ferrari. Avec la F1, il avait déjà montré dans les années 90 de quoi la marque était capable. Puis en 2010, Dennis a créé McLaren Automotive, et décida de mettre sur pied toute une gamme. Aujourd'hui, l'homme a fait un pas de côté, l'écurie de F1 est en bien triste posture… mais la branche automobile est en pleine forme.
Pour nous montrer l'évolution de ses dernières créations, McLaren nous a donné les clés de trois modèles: la MP4-12C de 2011, la 640S Spider de 2014 et la 720S de 2017. Le message: éclatez-vous! Quand on entend trois V8 démarrer pour la première fois, on comprend que ceci va être une journée qu'on ne va pas oublier de sitôt. Le point de départ de notre roadbook, c'est Francorchamps. L'arrivée est à Chimay. Et entre les deux, tous les types de routes que les Ardennes peuvent offrir.
MP 4-12C (2011)
A côté de deux autres, la McLaren MP4-12C – nom faisant référence à la Project 4, aussi utilisé par Dennis pour la F1 – semble bien sage. Le design de Frank Stephenson a transposé le message que voulait faire passer Ron Dennis, celui d'une voiture de sport fonctionnelle. De plus, ceci est le tout premier exemplaire produit, elle est immatriculée RXII ONM et affiche 66.000 km au compteur. On salue donc au passage McLaren, qui réfère continuer à faire rouler la voiture plutôt que de l'enfermer dans un musée. Car même aujourd'hui, huit ans plus tard, elle donne encore l'impression d'être fraîche comme une rose. Il n'y à guère que les temps de passage de la boîte double-embrayage 7 rapports qui trahisse son âge, au point que nous nous sommes demandés si une boîte manuelle n'aurait pas été préférable.
Avec 616 ch tirés du V8 biturbo 3.8, la voiture a toujours largement de quoi se mesurer à la jeune garde. Dans les longues successions de virages, elle danse d'une corde à l'autre sans jamais hésiter. Mais il ne faudra pas oublier de garder le moteur dans les tours. A régime normal, la MP4-12C se montre en effet un peu timide mais au-delà de 6.000 tours, elle montre son côté plus sauvage. Et c'est ce double caractère qui la rend si facile à utiliser dans le trafic. La voiture n'est pas intimidante, et fait preuve d'énormes compétences une fois qu'on la malmène vraiment. Exactement telle que Ron Dennis la voulait.
650S Spider (2014)
Le déclin de l'influence de Dennis chez McLaren se faisait déjà sentir en 2014 au moment de baptiser la remplaçante de la MP4-12C. Exit le "MP4", on utiliserait désormais un chiffre faisant référence à la puissance. C'est vrai, le 3.8 ne changeait pas mais il était porté à 640 ch, ce qui donne 650 selon la méthode de calcul britannique. La 650S est clairement une évolution de la MP4-12C. L'ancienne tuait le 0-100 en 3,3 secondes, la nouvelle le fait en 3 secondes tout rond. La vitesse de pointe est par contre identique, à 329 km/h. Et comparée à sa devancière, la 650s affiche un look plus agressif et affûté.
Au volant, on se sent comme dans une Lotus, mais avec toute la puissance dont on peut rêver. La voiture donne une impression de compacité, comme un cocon qui enveloppe le conducteur. Les bras semblent diriger directement les roues, comme si la 650S devinait vos intentions. Sur les routes sinueuses, elle passe d'un virage à l'autre avec une détermination de fer. On peut freiner jusque loin dans la courbe sans mettre l'équilibre de la voiture en question, pour ensuite remettre très tôt les gaz. Contrairement à une Lamborghini Huracan par exemple, la McLaren n'exige aucune habitude particulière. Et il y a très peu des raisons d'être distrait au volant, car l'habitacle est très épuré. Non seulement pour économiser du poids, mais aussi pour vous permettre de garder toute votre attention sur la route. De plus, la Spider offre l'expérience de la conduite ouverte, ce qui permet de profiter encore mieux des vocalises du V8.
720S (2017)
La 720S n'est plus une évolution, mais une toute nouvelle représentante des Sports Series. Le V8 passe de 3.8 à 4.0 litres, la puissance augmente de près de 70 ch, soit ici 710 ch. Le temps au 0 à 100 passe tout juste sous la barre des 3 secondes, et la vitesse de pointe est établie à 341 km/h. Ici, on n'hésite pas à utiliser le mot "perfection". Le moteur peut être cravaché au-delà de 8.000 tours. En fait, la seule façon de se trouver en mauvaise posture avec cette voiture sur la route, c'est en étant idiot. La voiture peut à peu près tout faire avec le sourire, et le faire mieux que vous. C'est très impressionnant, mais aussi un peu frustrant. Car en tant que conducteur lambda, vous avez l'impression que vous ne serez jamais à la hauteur des capacités de la 720S.
Nous arrivons à Chimay bien plus vite que nous l'avions imaginé. Et c'est donc l'heure de réunir notre trio pour une photo de groupe. La 720S, on ne peut que l'aimer. Mais finalement, nous préférons la 650S… et plus encore la MP4-12C. Cette dernière semble encore assez méconnue sur le marché de la seconde main, puisque ses prix sont inférieurs à ceux d'une Lamborghini Gallardo ou d'une Ferrari 458 Italia. Pourtant en pratique, la McLaren n'a pas grand-chose à leur envier.