L’on pourrait poursuivre longtemps encore la liste des arguments pour et contre le Range Rover, mais la conclusion serait toujours la même: il est à la fois déraisonnable et fascinant, et surtout, il fait son chemin sans se soucier du regard des autres. Land Rover a été le premier constructeur à domestiquer le tout-terrain. Avant que le Classe G ne devienne le carrosse des riches et des puissants, avant que BMW ne donne ses lettres de noblesse au concept de SUV, et bien avant que le tout premier Q5 ne voie le jour. Le Range Rover représente la référence depuis 1970.
Autobiography
À l’occasion du 60e anniversaire de la marque de tradition britannique, le vaisseau amiral s’élève d’un échelon supplémentaire dans la gamme avec le RR Autobiography. Cette appellation désigne une entreprise de personnalisation telle qu’on la connaissait peut-être chez Mercedes (Designo) ou BMW (Individual), mais qu’on était loin de soupçonner chez les Britanniques. L’Autobiography concrétise tout ce que les clients désirent et qui peut être réalisé techniquement.
L’habitacle de l’Autobiography atteste d’une opulence rarement observée dans le monde de l’automobile. Le tapis épais et le bois suffiraient à eux seuls à donner son cachet à un chalet montagnard. L’on constate en outre rapidement pourquoi le TDV8 frôle la barre des trois tonnes: tout y est solide, taillé dans la masse et exécuté à la perfection. La console centrale elle-même, encadrée par deux troncs d’arbre, paraît construite pour l’éternité.
V8 bi-turbo
Chez Land Rover, l’on se concentre sur l’essentiel. Deux moteurs se côtoient donc pour le dernier né: le V8 Kompressor d’environ 400 CV, sujet à controverse, et le diesel huit cylindres d’un peu plus de 270 CV, bien assorti.
Le TDV8 déploie quelque 640 newtons-mètres de couple pour une cylindrée de 3,6 litres à l’aide de ses deux turbocompresseurs à géométrie variable. Aussi bien la puissance que la cylindrée et le couple se classent à l’extrémité inférieure de la catégorie des V8 diesel, mais ces caractéristiques suffisent à faire sortir le Range du lot. Le temps mort dans la réponse du turbo en dessous de 2.000 tours passe inaperçu, modestie britannique oblige.
Du reste, le V8 diesel exclusivement conçu pour le Range Rover et le Sport constitue une mécanique extrêmement agréable, qui témoigne d’un comportement distingué. Seul un raclement issu des profondeurs est légèrement perceptible, informant les amateurs de technique avertis sur l’activité qui se trame sous le capot. Au besoin, le diesel entraîne le mastodonte, qui se fiche bien des niaiseries d’aérodynamisme, jusqu’à 200 km/h. Le limiteur n’intervient discrètement qu’à ce stade pour mettre un terme aux ardeurs juvéniles.
Douze litres bien tassés à l’essai
La consommation n’intéresse pas les propriétaires du Range, mais bien tous les autres. Au premier abord, l’on aurait des raisons de blasphémer au vu de la consommation moyenne annoncée, normalisée en théorie à 11,3 litres. Au cours d’un essai de plus de 2.000 kilomètres, le colosse (le conducteur est quant à lui de corpulence mince) a englouti précisément 12,22 litres, ce qui n’est pas réellement beaucoup en soi sachant que le charroi, avec quatre personnes et leurs bagages, pèse pas moins de 3,2 tonnes. Cet appétit est d’ailleurs nettement plus frugal que celui d’une Porsche Cayenne.
Le poids est bel et bien le principal facteur de consommation, et partant, le problème majeur que doit affronter Land Rover, le Range étant quelque 400 kg plus lourd que ses concurrents. La différence est substantielle, mais elle ne peut être aplanie en un tour de main.
Tenue de route saturée
Le poids se fait ressentir en permanence pendant la conduite. Les spécialités de la maison ne comprennent pas la dynamique linéaire et transversale, mais plutôt le roulage. Les roues de 20 pouces implorent pitié trop tôt, et l’on se heurte trop rapidement à la limite ressentie, où l’ESP resserre délicatement la bride. Le Range a néanmoins une attitude ferme et sûre sur la route, et grâce à ses suspensions pneumatiques, il lisse les moindres irrégularités. En matière de freinage, la firme anglaise s’est tournée vers l’Italie - les disques Brembo de 360 millimètres absorbent l’énergie avec fiabilité.
Mais le Range est aussi maître dans l’art du franchissement hors route. La garde au sol d’au moins 23 centimètres constitue déjà un gage de plaisir, et en activant le mode Offroad, elle peut même être rehaussée à plus de 28 centimètres. L’opération est exécutée au moyen de sélecteurs et de boutons agencés derrière le levier de sélection de la boîte automatique à six rapports ZF, parfois un peu lente. Un système génial, baptisé Terrain Response, adapte la transmission intégrale, la boîte automatique, l’admission des gaz, l’ESP et le blocage aux caractéristiques de la surface dans cinq modes différents. Il suffit au conducteur de déterminer le type de sol sur lequel il évolue.
Tout compris
Le prix de base du Range Rover TDV8 Autobiography se situe à 107.400 euros, mais il peut grimper pratiquement sans limite. L’équipement complet comprend entre autres une particularité utile pour les adeptes du tout-terrain et un gadget sympathique pour les autres, à savoir la Venture Cam, une caméra mobile qui se fixe n’importe où sur la carrosserie du Range au moyen d’une ventouse et transmet une image d’une netteté stupéfiante sur l’écran tactile par une connexion Bluetooth. Les passages étroits et délicats hors pistes peuvent ainsi être franchis sans qu’un guide ne soit nécessaire. Parmi les autres accessoires, citons encore le système audio, l’installation TV-DVD avec écrans dans les appuie-tête, les sièges réglables, chauffants et rafraîchissants électriquement, la caméra de recul, neuf airbags dont un airbag aux genoux du côté du conducteur, le chauffage auxiliaire, les projecteurs directionnels bi-xénon et les jantes de 20 pouces.
Données techniques
Marque et modèle | Range Rover TDV8 | |
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Gamme d’équipement | Autobiography | |
Dimensions et poids | ||
Longueur / Largeur / Hauteur (mm) | 4.972 / 2.034 / 1.988 | |
Empattement (mm) | 2.880 | |
Rayon de braquage (m) | 12,6 | |
Poids à vide (kg) | 2.858 | |
Capacité du coffre (litres) | 535 - 2.099 | |
Pneus du modèle d’essai | 255/50 ZR20 Pirelli Scorpion Zero | |
Moteur | ||
Cylindrée / Cylindres | 3,6 / V8 | |
Puissance (CV) | 272 | |
Couple (Nm) / tours/minute | 640 / 2.000 | |
Entraînement | Transmission intégrale | |
Transmission | Boîte automatique à 6 rapports | |
Consommation | ||
Type de carburant | Diesel | |
Mixte d’après le constructeur (l/100 km) | 11,3 | |
Émissions de CO2 (g/km) | 299 | |
Cycle de consommation d’après AS24 (l/100 km) | 12,22 | |
Performances | ||
0 à 100 km/h d’après le constructeur (s) | 9,2 | |
Sprint de 0 à 100 km/h d’après AS24 (s) | 9,5 | |
Arrêt de 100 à 0 km/h d’après AS24 (m) | 39 | |
Vitesse maximale (km/h) | 204 | |
Prix | ||
à partir de (euros) | 107.400 | |
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En bref
Le Range Rover TDV8 est un véhicule impressionnant, qui est fondamentalement atteint d’un trouble de la personnalité d’asocialité. En effet, l’opinion des autres à son égard lui est tout à fait égale. D’un côté, ce trait de caractère est enviable à l’heure actuelle, tant le conformisme ambiant peut être oppressant, mais de l’autre, il le place dans une position difficile. Le Range Rover est un objet particulier, un objet qui, malgré son absurdité, reste fascinant. Même si avec son poids avoisinant trois tonnes, son V8 diesel et ses dimensions démesurées, il n’est plus dans l’air du temps, il sera toujours authentique.