Personne ne dira le contraire : la situation est grave, et pas loin d'être désespérée. Les constructeurs européens sont à l'arrêt, et il est difficile de prédire quand ils pourront relancer leurs activités. A cela s'ajoute une pénurie de pièces détachées. Mais le plus grave, c'est la baisse spectaculaire de la demande. Qui a envie d'acheter une voiture en ce moment ? Renault dit que pour certains modèles, la demande a chuté de 90%. Pour sauver l'emploi de quelques 14 millions de personnes en Europe, les constructeurs demandent donc le soutien financier de l'Union Européenne et de certains gouvernements nationaux.
Critiques
L'ACEA, l'union des constructeurs européens, dit que c'est la pire crise de l'histoire qui se profile à l'horizon. Ce n'est pas faux, et nous pouvons tous le constater. En même temps, les constructeurs avaient dit la même chose il y a à peine plus de 10 ans, quand ils avaient demandé le soutien européen suite à la crise bancaire.
Et il y a un deuxième aspect : FCA a récemment fait savoir que dans le cadre de sa fusion avec PSA, 5 milliards (oui, milliards) d'euros de dividendes allaient être redistribués aux actionnaires. Chez PSA aussi, on a enregistré de confortables bénéfices. De son côté, VW vient d'annoncer 1,9 milliards de bénéfices pour l'année 2019, et Audi a fait mieux encore, avec 4,5 milliards. Alors soit, il faudra probablement fournir une aide aux constructeurs. Mais cette fois, les gouvernements devraient peut-être exiger de sérieuses garanties en retour.
Mauvais timing
Une question encore : tout ceci va-t-il tuer la voiture électrique ? Cette crise ne pourrait en effet pas tomber plus mal : les constructeurs cherchent à développer la voiture électrique à un moment où elle est encore trop chère pour la majorité des clients potentiels, et il y a fort à parier qu'après la crise, il y aura encore moins de gens disposés à dépenser 40.000 à 80.000€ pour une auto électrique. Certains constructeurs ont d'ailleurs déjà demandé à l'Europe d'abandonner le système de pénalités, selon lequel une marque qui dépasserait les normes CO2 imposées devrait payer de lourdes amendes à l'Union Européenne.